J’en avais déjà vaguement parlé dans un des premiers posts de mon blog , mais je pense que entre le fait que mon style ait quelque peu évolué depuis , et que ma capacité à réduire à néant mon quota de crédibilité auprès de mes lecteurs ait pris des propensions pharaoniques , cela vaut la peine de revenir s’étendre la dessus quelque peu .
Après tout , j’en suis plus à un ridicule près .
Vous !
Oui , vous , râleurs invétérés , qui vous plaigniez des affres des transports en communs , qui , quand ils ne sont pas bondés au point de vous donner l’impression de ressembler à cette masse étrange coincée entre deux pains et que Mc Donald assure être de la viande mais oh on me la fait pas à moi , sont peuplés de psychopathes qui eussent ils croisés la route de Hitchcock , se seraient retrouvés couverts de plumes tout un film à faire « croâ croâ » .
Et au moins , ils auraient permis de rendre effrayant un des plus consternants films d’horreur que j’ai vu de ma vie .
Non mais sans blague .
Sachez , tas de zigomars à roulettes , que je vous déteste , et méchamment en plus . Et cette haine odieuse dont je vous gratifie n’est bien évidemment pas du tout due à une jalousie sans équivoque , hypothétiquement nourrie par le fait que dans mon humble jeunesse , je n’ai pu vivre que dans d’abominables centre ville que sont Paris 15ème et Toulouse Jean Jaurès , ce qui me contraignait à marcher , contrairement à vous , chanceux banlieusards de pacotille .
Sérieux , les inconnus sont des amateurs .
Marcher . Mais si seulement vous saviez , ras d’égouts , quel calvaire endure un Nico , lorsque , dans un moment de courage éhonté ou d’inconscience suprême (au choix) , ce dernier se décide à parcourir une distance à pied .
Faut dire , ca a mal commencé dès le départ , comme bien souvent . Petit ,mes parents ne cessaient de me reprendre , me reprochant cruellement de marcher comme Donald Duck , ce qui pédagogiquement était non seulement désastreux , mais psychologiquement conséquent : j’ai certes perdu l’habitude de marcher comme un canard , mais je reste aussi aisé financièrement que l’infortuné canard .
Sans doute l’origine de l’expression « avoir du plomb dans l’aile » .
Par la suite , à cet age cruel ou développement identitaire se mêle joyeusement à l’éruption de spores volcaniques qui élisent refuge sur votre front le jour ou -évidemment - vous comptiez rencarder la blonde de service , mon père poursuivit l’entreprise de démolition de son ado de fils , lui reprochant , tenez vous bien , de marcher aussi « bossu » que Quasimodo , m’assenant de cruels « mais tien toi droit » et de « on va te fixer une planche dans le dos comme à Gaston » qui humiliaient au plus profond de son être votre humble Quasimodo serviteur .
Et drame : J’étais dès lors préconditionné pour devenir l’employé de bureau le plus désastreux qui soit après Gaston .
Nota Bene anti-Anpe : je re-précise , mon blog n’est qu’à prendre au 999ème degré . Evidemment .
Résultat ? Quand , vous , infâmes cloportes profiteurs du système , prenez dans la joie et la bonne humeur des bus tout sympas tout choupis , moi , pauvre de moi , sachez que tout traumatisé que je le suis , je passe par des affres dont nul ne suppose l’horreur sous jacente .
En général , ca donne ca :
Je marche tranquillement , occupé à réfléchir si Gilles de Robien mérite d’être empalé vif ou si lui faire frire les doigts de pieds dans un bac Quick serait plus raisonné , bref , je déambule sans trop me poser de questions , dans une démarche certes atypique , mais bon , encore à peu près dans l’ordre du raisonnable .
Et tout à coup , c’est l’apocalypse .
Sans exagération , bien sur .
Alors que j’avais à peine fini de décider du sort virtuel que je ferais un à Besson qui tomberait dans mes mains (Fear Factor est une usine à idées sadiques non négligeable , je dois bien le dire) , aucune nouvelle idée traversait mon esprit , ce qui l’amenait , en manque de matière première , à s’arrêter sur la futile considération que je marchais .
Et là , tout se complique .
Marcher , c’est encore à peu près simple si l’on y porte pas attention . Mais , et vous me maudirez après avoir lu ces quelques lignes avec la même vindicte que celle que porte Haddock au lieutenant Alan quand celui ci lui pose l’énigme « la barbe … au dessus , ou au dessous de la couverture , capitaine ? » , regardez vos pieds quelques secondes , et plus rien ne sera pareil .
L’art de dramatiser , y’a pas que TF1 qui le maîtrise .
Oui , regardez les , vos pieds . Et pour peu que votre prénom commence par un N , vous vous demanderez s’il est normal que vous les balanciez loin devant vous , ce qui implique que votre genoux soit effroyablement rigide , que votre dos soit guindé et que au final , John Wayne n’ait rien à vous envier .
J’avoue avoir une lourde tendance à me pourrir la vie .
Votre nom commence par un P ? Vous vous demanderez l’usage adéquat à faire de vos bras , tentant de les caler d’une manière pas trop grotesque de préférence , essayant vainement de les laisser se balancer comme le mec qui vous a doublé avec une vraie démarche virile , mais votre contrôle à vous ressemblera plus à la Gay Pride tendance 1978 qu’à l’allure de Pierce Brosnan faisant ses courses à Intermarché d’Oradour sur Glane .
Non , je ne fume rien d’autre que des Camels Médiums .
Lorsque je voguais l’air de rien du coté de mon université , histoire de voir si le droit ne serait pas une matière totalement , inutilement réverbative (je cherche toujours la réponse) , j’arrivais plus ou moins à marcher sans trop ressembler à un primate , ce qui était somme toute un tour de force indéniable me permettant l’espace de quelques heures de me fondre dans la masse des pingouins endimanchés , plus habitués , de toute évidence , aux contrées austères .
Cela jusqu'à ce que je tombe nez à nez avec Julie , « l’ex » .
Ne nous adressant plus la parole depuis 4 ans et de vains mots que j’aurais pu avoir , nos rencontres dans les couloirs d’UT1 recréaient l’espace de quelques furtives secondes l’ambiance de Psychose , où entachés d’une fierté décuplée , nos regards cherchaient par tous les moyens de faire mine de ne pas avoir reconnus l’autre .
A presque 24 ans , je peux difficilement dire que j’en suis pour autant quelqu’un de mature .
Sauf que . Si mon regard avait une tendance subite à se retrouver étonnamment accroché par le plafond de la fac , ou si la discussion de la moche de service me tenant la jambe prenait tout à coup un intérêt monstre , il était un indice subtil qui devait montrer à mon ex blonde que j’étais somme toute pas encore totalement « guéri » , et que d’une certaine manière , ces rencontres fortuites ne me laissaient pas franchement de marbre .
En moins de temps qu’il n’en faut à un kilo de plomb pour pulvériser la tête d’un Isaac Newton , je me retrouvais à sa vue en configuration de marche John Wayne - Terminator - Gay Pride 78 .
… Je veux être amputé des jambes , par pitié .