Prologue.
Toulouse, un soir de Novembre 2005 sur le Boulevard Carnot
« Mais dis moi Nico, c’est moi ou tu aurais pris un peu de ventre ? », me fit remarquer avec autant d’ingénuité que de cruauté mon amie Caroline.
Qui l’est restée, amie, mais c’est à ce genre de petites choses que naguère, la France et l’Angleterre entretinrent des relations fraiches une centaine d’années que même un barbecue à Rouen ne sut réchauffer.
- Non mais quelle remarque perfide. Comme si le fait que je pouvais m’enfiler un sandwich américain 3 nuits par semaines pouvait avoir la moindre conséquence. Perfide que tu es… »
Fin du Prologue.
Début du drame.
(…)
Devenu papa au début de ma trentaine par la force des choses et notamment mais pas que un appétit jamais rassasié pour la brouette javanaise (plus que quelques années à profiter avant que le plus âgé de mes mouflets n’en vienne à tomber par hasard un jour sur mon passif, autrement appelé mon blog), il s’avéra qu’une surprise ne venant jamais seule, ce fut le moment ou ma génétique, que je n’avais jamais soupçonné jusque-là de m’être particulièrement hostile, se rappela à mon bon souvenir en m’affublant, en plus de mon premier petit Poirier, d’un utile pour joindre à l’agréable.
En gros, j’ai pris du bide.
Une certaine littérature appelle cela le Dad Bod, pour le rendre sympathique.
Comme si l’irrésistible envie de se défenestrer lorsque l’on s’aperçoit dans un miroir pouvait être sympathique, tiens.
Mais doté d’un tempérament belliqueux à l’endroit de ce qui me contrarie, c’est-à-dire pratiquement tout en fait ce qui ne va pas dans mon sens à l’exception de ma brune qui a toujours le droit de me prendre à rebrousse-poil et pas que (coucou Raphael), je décidai de lutter contre cette infamie que la nature m’infligeait et me lançais à corps perdu dans une activité que je honnissais particulièrement jusqu’alors, à savoir le sport.
Je m’en faisais dispenser au Lycée en venant intentionnellement en jean en cours de sport, c’est dire si je n’avais pas spécialement de prédispositions.
Alors j’ai commencé à faire comme tout jeune daron qui prend du ventre et perds du cheveu, j’ai commencé à courir des semi-marathons, faire du squash, du vélo, du porno en vr, bref, n’importe quoi de bon pour le cardiaque, quoi.
Rien de très original, me direz-vous.
Si vous n’êtes pas un faux-cul de trentenaire, s’entend.
Sauf que.
La pause imposée du Covid et l’ajout d’un deuxième mouflet eurent tot fait de ma tentative de résistance contre la nature et du temps qui passe contre duquel on ne peut rien (qui a la ref ?), tant et si bien que en 2022, les plus aimables de mes amis me qualifièrent d’Obelix lorsque je m’amusais à jeter leurs gamins dans la piscine du gite ou nous festoyons, ce qui me vexa pas du tout, mais alors vraiment pas.
Je. Vous. Hais.
Fin de l’aparté, retour au récit collectif.
(…)
Bien qu’ayant du coup et depuis repris le sport avec encore plus d’assiduité après avoir subi cet outrage suprême qui ne m’a même pas fait mal et dont mon psy me suggère qu’il ne justifie pas que j’ébouillante une demi-douzaine de chatons par semaine pour m’en faire atténuer la douleur, il s’avère que au cours de 3 dernières années, à part ressembler de plus en plus à hamster courant dans une cage, je n’arrivais pas à grand-chose et que les résultats ne pouvaient êtres qualifiés d’autre que « encourageant », comme on dit aux loseurs pour éviter qu’ils se défenestrent de plus haut que du rez de chaussée.
Bref, je stagnais.
Alors il y’a 6 semaines de cela, et dans le dos de ma gentille brune qui m’avait pourtant fait jurer la veille de ne pas tenter ce genre de conneries, j’atterrissais sur un site complaisant permettant de commander de l’Ozempic, un médicament particulièrement à la mode de ce coté ci de l’Atlantique, en ce qu’il est aussi réputé que le Médiator MAIS sans avoir pour autant son soi-disant controversé bilan qui aurait rempli en France parait-il quelques cimetières de naïfs bernés par un Laboratoire dont la seule qualité reconnue était pourtant d’être premier donateur de l’une ou l’autre des campagnes de Nicolas Sarkozy.
Et c’est ainsi que l’œil ému et la main tremblante, ou l’inverse je ne sais plus, je m’auto-administrais ma première injection d’Ozempic quelques jours plus tard.
Et comme de juste, me faisait évidemment griller par ma brune environs 63 minutes et secondes plus tard.
(…)
6 semaines plus tard.
Beh j’ai perdu 7kg, l’air de rien ma petite dame. Et je dirais avec une facilité assez déconcertante, le médicament ayant pour principale conséquence de donner le sentiment plus rapidement qu’à l’accoutumée que son estomac est plein, et que du coup, ce resservir de cette nouvelle part de clafoutis serait définitivement inutile et redondant.
Sauf que après 6 semaines, j’avais épuisé la première boite du medoc et qu’il était temps d’aller me réapprovisionner à la pharmacie, histoire d’avoir une chance que l’été prochain, obélix ne soit plus qu’un vilain souvenir sur mon compte en banque et un bon pour celui de mon psy.
Qui est totalement imaginaire, mais qu’importe.
Au moment de payer, je m’apprêtais à partir quand me vint soudain une question qui me turlupinait déjà depuis 4 semaines et pour laquelle je n’avais pas trouvé le temps de m’interroger plus que nécessaire, c’est-à dire pas du tout.
Heureux soient les simples d’esprits, c’est une doctrine avec laquelle je vis TRÈS bien.
Tel un Columbo hypocondriaque, je revenais donc à charge de la pharmacienne.
« Excusez-moi, j’aurais juste une dernière petite question, j’aimerais juste savoir si quand je choisis le dosage, je dois ensuite après l’injection le réinitialiser et le remettre à zéro pour l’injection de la semaine suivante, ou si je peux le laisser calé au niveau en permanence ? »
Elle me regarde, les yeux globuleux s’agitant dans beaucoup de sens derrière ses lunettes, trahissant ainsi un début de confusion interne.
« Pardon ? », dit-elle
« Oui, quand je prépare l’injection, j’ai un petit doute sur l’ordre dans lequel je fais les choses. »
« Mais quand vous appuyez sur le bouton, cela ne revient pas à zéro ? »
« Un Bouton ? Que quoi mais je … »
(…)
Bref, cela fait donc 6 semaines que je ne m’injecte absolument rien du tout à un prix totalement prohibitivement délirant.
Sur ce je vous laisse, j’ai un rendez-vous à prendre avec mon psy imaginaire.
Non mais quel con, j’vous jure.