1 septembre 2023
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14:16
Hier.
Alors qu'il n'est que 8h du matin, chaque minute qui passe me fait furieusement penser au fait que quelque chose qui rythmait mes journées depuis 16 ans vient de disparaitre.
"Il y'a 24h, il était encore là. Il y'a 48h, il semblait en forme et j'étais à des années lumières d'imaginer qu'il ne serait plus là aujourd'hui".
...
"Il y'a 2 semaines, j'exposais ma verve sur internet pour noter mon envie d'en faire de la matière première pour les surgelés Picard et Findus"
Certes.
Alors que je me plais à croire qu'avec le temps, je me suis plutôt endurci, de telle manière à ce que l'on pourrait y planter Excalibur pour offrir un peu de challenge à du chevalier en mal de sensations fortes, j'ai passé la journée avec la douloureuse impression d'une chappe de plomb sur la poitrine.
Non pas que j'ai déjà essayé, fut-ce par accident, mais je projette disons.
C'est étonnant d'éprouver à presque 40 ans la même douleur interne qui m'avait fait transformer tous les oreillers du salon de chez mes darons en kleenex Roger Rabittiens, et de se dire que la dernière fois que j'avais ressenti cette douleur, j'avais 17 ans.
Et j'étais puceau, accessoirement.
C'est dire le niveau de régression.
Alors j'ai réfléchi à comment essayer de faire passer, fut-ce le temps de quelques minutes, cette sensation assez peu agréable. Et rapidement, je me suis rendu compte que après ces 16 ans de vie commune avec Léo, c'était l'idée de cette première journée sans le voir qui était insupportable.
Je me suis revu la veille, quittant cette pièce dans une semi obscurité, lui allongé définitivement sur cette table, moi pressé de partir de cet endroit comme pour conjurer un mauvais cauchemar.
Tellement pressé que j'en avais payé la crémation et la fosse commune avec la même légèreté gracieuse que je vide le lave-vaisselle à la maison.
Ma brune en a fait une attraction touristique de premier plan pour quand des amis passent à la maison.
Alors c'est devenu comme un disque rayé dans ma tête. "Il faut que je le revoie". "Il faut que j'arrête la machine". "Si ca se trouve, le vétérinaire est l'escroc qui voulait la peau de Beethoven et il est encore vivant, d'ailleurs c'était louche ces 2 expirations d'air après qu'il ait officiellement été déclaré parti".
Bref, le délire, quoi.
J'ai quand même et somme toute vaillamment résisté à cette idée d'une idiotie somme toute assez majeure, vaillamment voulant dire que j'ai tenu dans le fond environ 2h27min avant de repasser dans l'autre sens que la veille la porte de la clinique vétérinaire.
Visiblement habitués à gérer des cingl... des gens un peu tristes, je fus introduit dans une salle d'examen. Et une petite dame, après m'avoir écouté larmoyer mon besoin de le revoir, dit qu'elle comprenait, et parti le chercher.
Elle ramène ce petit sac en tissu, et très doucement, s'apprête à l'ouvrir, non sans m'avertir "attention, il a pu déjà commencé à changer".
Mon cœur se serre comme un frein à main trop serré.
(Nobel, me voilà)
Une première touffe de poils m'est apparue. Elle est étonnamment blanche, et semble comme figée comme celle d'une bête empaillée.
Mes yeux parcourent cm par cm cette petite bête que j'ai tant aimé, et qui n'ait plus objectivement qu'un gros glaçon poilu.
"C'est terrible de se dire qu'ils changent si vite après", dis-je.
L'employée fini d'ouvrir le sac.
"Mais ? Mais ? C'est un chien ça, pas mon chat ?"
(...)
(après cela, j'ai pu revoir Léo et passer quelques minutes avec lui, et faire annuler la procédure qui allait le détruire ce vendredi, pour gagner une dernière semaine pour voir si je trouve un usage à faire -qui ne relève pas de toute pratique très déviante comme la nécrophilie, s'entend- de ce petit tas de poils que j'ai tant aimé).
Alors qu'il n'est que 8h du matin, chaque minute qui passe me fait furieusement penser au fait que quelque chose qui rythmait mes journées depuis 16 ans vient de disparaitre.
"Il y'a 24h, il était encore là. Il y'a 48h, il semblait en forme et j'étais à des années lumières d'imaginer qu'il ne serait plus là aujourd'hui".
...
"Il y'a 2 semaines, j'exposais ma verve sur internet pour noter mon envie d'en faire de la matière première pour les surgelés Picard et Findus"
Certes.
Alors que je me plais à croire qu'avec le temps, je me suis plutôt endurci, de telle manière à ce que l'on pourrait y planter Excalibur pour offrir un peu de challenge à du chevalier en mal de sensations fortes, j'ai passé la journée avec la douloureuse impression d'une chappe de plomb sur la poitrine.
Non pas que j'ai déjà essayé, fut-ce par accident, mais je projette disons.
C'est étonnant d'éprouver à presque 40 ans la même douleur interne qui m'avait fait transformer tous les oreillers du salon de chez mes darons en kleenex Roger Rabittiens, et de se dire que la dernière fois que j'avais ressenti cette douleur, j'avais 17 ans.
Et j'étais puceau, accessoirement.
C'est dire le niveau de régression.
Alors j'ai réfléchi à comment essayer de faire passer, fut-ce le temps de quelques minutes, cette sensation assez peu agréable. Et rapidement, je me suis rendu compte que après ces 16 ans de vie commune avec Léo, c'était l'idée de cette première journée sans le voir qui était insupportable.
Je me suis revu la veille, quittant cette pièce dans une semi obscurité, lui allongé définitivement sur cette table, moi pressé de partir de cet endroit comme pour conjurer un mauvais cauchemar.
Tellement pressé que j'en avais payé la crémation et la fosse commune avec la même légèreté gracieuse que je vide le lave-vaisselle à la maison.
Ma brune en a fait une attraction touristique de premier plan pour quand des amis passent à la maison.
Alors c'est devenu comme un disque rayé dans ma tête. "Il faut que je le revoie". "Il faut que j'arrête la machine". "Si ca se trouve, le vétérinaire est l'escroc qui voulait la peau de Beethoven et il est encore vivant, d'ailleurs c'était louche ces 2 expirations d'air après qu'il ait officiellement été déclaré parti".
Bref, le délire, quoi.
J'ai quand même et somme toute vaillamment résisté à cette idée d'une idiotie somme toute assez majeure, vaillamment voulant dire que j'ai tenu dans le fond environ 2h27min avant de repasser dans l'autre sens que la veille la porte de la clinique vétérinaire.
Visiblement habitués à gérer des cingl... des gens un peu tristes, je fus introduit dans une salle d'examen. Et une petite dame, après m'avoir écouté larmoyer mon besoin de le revoir, dit qu'elle comprenait, et parti le chercher.
Elle ramène ce petit sac en tissu, et très doucement, s'apprête à l'ouvrir, non sans m'avertir "attention, il a pu déjà commencé à changer".
Mon cœur se serre comme un frein à main trop serré.
(Nobel, me voilà)
Une première touffe de poils m'est apparue. Elle est étonnamment blanche, et semble comme figée comme celle d'une bête empaillée.
Mes yeux parcourent cm par cm cette petite bête que j'ai tant aimé, et qui n'ait plus objectivement qu'un gros glaçon poilu.
"C'est terrible de se dire qu'ils changent si vite après", dis-je.
L'employée fini d'ouvrir le sac.
"Mais ? Mais ? C'est un chien ça, pas mon chat ?"
(...)
(après cela, j'ai pu revoir Léo et passer quelques minutes avec lui, et faire annuler la procédure qui allait le détruire ce vendredi, pour gagner une dernière semaine pour voir si je trouve un usage à faire -qui ne relève pas de toute pratique très déviante comme la nécrophilie, s'entend- de ce petit tas de poils que j'ai tant aimé).