Aujourd’hui, cela fait 15 jours pile que j’ai quitté la France pour m’installer au Canada, et plus précisément à Montréal. L’occasion de faire un bilan sur cette quinzaine.
Le premier : j’ai l’impression de vivre içi depuis un an. Cela peut paraitre exagéré, et il est clair que le Nicolas à qui on amputera le 3ème doigt de pied à succomber aux températures hivernales me traitera avec le recul d’inconscient (et de connard, aussi), mais en attendant, le sentiment que me donne cette nouvelle vie qui commence à Montréal, c’est que je suis chez moi.
Et que damned, je m’y sens sacrément bien.
Pour pouvoir venir travailler au Canada, ma Brune et moi-même avons guetté en Novembre 2010 l’ouverture des candidatures pour un PVT, abréviation désignant « Permis Vacances Travail » (c’est pas un bel oxymore, ça ?), qui est donc un Visa d’un an pour le Canada (ou un autre pays, comme l’Australie par exemple) et qui permet surtout d’y travailler, chose que l’on a pas le droit de faire avec un Visa touriste et qui est de toute façon de 4 mois (de mémoire).
L’année dernière, nous avons donc été parmi les 7000 premières personnes à renvoyer complet le formulaire, le plus incroyablement simple que j’ai jamais vu de ma vie au demeurant.
L’administration Française nous a remarquablement mal habitués, il est vrai.
2 mois plus tard, nous recevions l’accord définitif du Canada pour ce PVT, document qui nous permettait à tout moment de venir s’installer ici au cours des 12 mois suivant, le passage de la frontière ouvrant ensuite la période concrète de 12 mois du PVT.
(…)
Ce qui frappe le plus avec le Canada ?
A l’inverse des prix indiqués sans Taxe et sans pourboire, ce qui donne au Touriste Français le sentiment indélébile de s’être fait avoir alors que en laissant un pourboire monstrueusement chiche, c’est lui qui coute de l’argent au serveur taxé sur ces hypothétiques pourboires, c’est que au contraire cet imbroglio systématique au moment de l’addition : tout est incroyablement simple.
Pour notre arrivée, nous avons trouvé à distance un appartement en sous-location, grand, meublé et bien situé, pour un loyer très correct (720€, dont un tiers est payé par une amie qui a fait le grand saut avec nous) et dans un quartier classieux de Montréal, Outremont. Tout s’est fait simplement, par mail, avec les locataires actuels, et leur proprio n’a rien à y redire, la sous location étant parfaitement légale au Canada.
Locataires parisiens, ne vous pendez pas tout de suite.
Le meilleur arrive.
Après quelques jours, nous nous sommes mis à la recherche d’un appartement. Bien que nos recherches sur le net n’aient pas été infructueuses, nous nous sommes mis à parcourir les rues qui nous plaisaient, à la recherche des très, très nombreuses plaques « à louer » qui parsèment les façades à raison d’une tous les 300 mètres.
Et c’est ainsi que nous avons repéré l’appartement que nous allons emménager dans 10 jours pour l’année, un appartement tout neuf, rénové, meublé et équipé (lave-linge / sèche-linge / lave-vaisselle, utile pour la paix des ménages), avec un magnifique balcon et situé en plein cœur de Montréal dans le quartier du plateau … tout cela pour 650€ par mois.
Locataires parisiens, essuyez cette bave à vos lèvres.
Le finish-him arrive, ce serait con de mourir en bavant.
J’aurais pu donner un faux prénom et un faux nom pour louer cet appart : je n’ai pas eu à produire le moindre document. Normalement, il n’y aurait pas eu de caution, mais j’ai dû en proposer spontanément une pour faire accepter mes chats. Après une brève négociation, son montant est passé de 900$ à 500.
Et c’est tout. Pas à me justifier sur mon travail, mes salaires, la santé de mes garants et mes prédispositions à un cancer de la prostate : le bail a été signé dans la foulée de cet accord sur le montant de la caution, 20 minutes après la visite de l’appartement. C’était notre 4ème visite en 48h, le début de nos recherches, et les autres appartement que nous avions vus était pas mal non plus, clairement envisageables.
C’est bon les Parisiens, vous pouvez finir de couper cette veine qui dépasse, là.
Pour le reste, ca a été pareil. La seule formalité administrative que nous avons du faire a consisté à obtenir un numéro de « Nas », l’équivalent de notre numéro de sécu, sauf qu’il est plus important içi car il est un véritable historique de vie des Canadiens et est consultable à tout moment par un éventuel vendeur qui aurait besoin de savoir si on acheteur est fiable.
Vaguement intrusif, mais en même temps, si cela peut éviter à des gens de se voir refourguer un énième crédit Cofidis à 17% qu’ils ne pourront de toute façon pas rembourser ?
Bref, quoiqu’il en soit, cette formalité, accomplie à « l’heure de pointe » entre midi et deux, a été expédiée en 30 minutes, grâce au zèle et à l’efficacité des employés de l’administration Canadienne, le mien allant jusqu’à me rassurer sur le fait que s’il se levait de son bureau, c’était juste pour retirer le document qui venait de sortir de l’imprimante un mètre derrière lui.
A comparer avec la pétasse de la Sécu qui nous a retenu 1H30 avant notre départ pour nous traiter comme du bétail, parler avec ces incompétentes collègues blasées de devoir travailler, tout cela pour au final nous livrer un erzatz d’information incomplète et inexploitable en réponse à la question simple et légitime que nous lui avions posé.
L’administration Française va probablement moins me manquer que le gruyère rappé dans mes pates.
Clairement hors de prix, le fromage dans ce pays, tiens.