Avec ma Brune, nous sommes devenus des fans du covoiturage. Ça nous est venu alors que je brulais dans la cheminée la dernière lettre de menace de mort envoyée par mon banquier, écrite maladroitement à partir de lettres coupées dans des magasines : "Si tu ne renfloues pas ton compte, je te tue".
Comme si j'allais pas le reconnaitre. Tsss.
Dès lors, le covoiturage, solution vachement simple pour continuer nos allers-retours exorbitants pour Barcelone (nous y allons une fois par mois, un week-end), nous permet de rencontrer régulièrement des gens sympas (par sécurité, j'indique systématiquement dans les annonces que je publie que je refuse les psychopathes, cannibales et banquiers) avec qui nous bénéficions de 4h de causette privilégiée dans le sens Toulouse - Barcelone, et de 8h57 dans le sens du retour.
Pas à dire, l'Autoroute Narbonne-Toulouse un dimanche soir devrait être rebaptisée l'A666.
Pour reconnaitre les gens qui doivent faire du covoiturage avec toi sur la place où tu leur a donné rendez-vous, c'est assez facile : il suffit de chercher les types qui un sac à dos au pied, jettent des regards désespérés dans toutes les directions, genre "putain mais il arrive quand cet enculé".
Il faudrait que je songe à soigner un peu plus le langage sur ce blog.
Indubitablement, y'a du laisser-aller.
Je me présente, genre "ah ah c'est moi qui vous amène à Barcelone, au fait vous êtes assurés tout risque genre décollage de 306-crashtest en conditions réelles-gardeàvue par policiers espagnols peu coopératifs ?", et une fois que mes passagers ont changé de couleur de visage, je les fait grimper dans ma petite 306 rouge.
Et ceux qui me prenaient pas au sérieux paniquent en voyant la portière blanche.
Au début, quand j'ai commencé le covoiturage, j'étais vachement stressé. Genre, j'avais l'impression d'être un taxi dans lequel les passagers allaient en permanence s'inquiéter de l'itinéraire dément que je leur faisais prendre, et j'en faisais des tonnes pour les rassurer sur la pertinence de mes choix.
Sans la fermeture centralisée, probable que plusieurs auraient sauté en cours de route.
Et puis je fais la causette. Par exemple, pour le dernier trajet, nous avions une canadienne et un marocain, tous les 2 vachement sympas, mais moi forcément, j'avais plus envie de parler à la Canadienne (En dehors de ces -40° courants au mois de Janvier, le Canada m'attire beaucoup). Mais m'apercevant que je délaissais mon autre passager, et qu'un avis rageusement négatif est vite arrivé (les covoitureurs peuvent noter le conducteur. Si c'est pas une vacherie, ca.) je lui demandais : "Alors Vikram, pourquoi te rends tu à Barcelone" , et "Ah, et donc -Vikram-, c'est moins cher de partir de Barcelone" ? ou encore "Et pour le retour, Vikram, tu rentres direct sur Toulouse ?".
J'insistais lourdement sur son prénom Vikram, histoire qu'il sente bien que je me préoccupais également de mon passager non canadien, et qu'il comprenne que les questions s'adressaient enfin à lui.
(...)
Il ne s'appelait pas Vikram.
Je l'ai découvert le dimanche, quand en regardant la liste des passagers que j'allais embarquer, je me rendais compte que Vikram, c'était un passager du retour, pas de l'aller.
J'actualise ma page d'avis sur mon site de covoiturage toutes les 6 secondes depuis.