(Dommage que cet excellent jeu de mot ait déjà été inventé par une armée de copieurs en avance, sinon je déposais un dossier pour le Goncourt).
J'ai un gros défaut. Bon, disons, parmi le milliard d'autres qui émergent à la surface, parce que tel un iceberg, j'essaye d'en planquer une partie tout de même.
Donc, ce défaut disais-je, avant de me lancer dans une litanie sans fond mais je m'égare à nouveau, est que je n'ai pas de « but » dans ma vie. Ou pour être exact, ceux que je m'étais royalement assigné, eh ben ils sont déjà atteints depuis 3 ans. Soit quand j'avais 24 ans, et que j'étais encore loin de ces putains de 30 ans qui se rapprochent et qui picotent un peu, quand même.
Quand j'étais un joyeux gamin insouciant se demandant comment finir ce putain de donjon de la tortue dans a Link to the Past, mon adorable padre se faisait un plaisir de me faire redescendre de mon insouciance en éteignant la console au moment pile où je venais enfin de trouver le marteau tadadadam!, et en me lancant devant l'éternel une malédiction que la féé carabosse elle même eut trouvé un peu corcée, tout de même :
« à force de glander, tu finiras célibataire pousseur de caddies sur un parking de Super U de Roubaix ».
Faut avouer que le daron avait la formule qui fait réfléchir, tout de même.
C'est ainsi qu'à défaut d'avoir un objectif de vie, j'avais dès mon plus jeune age un objectif de vie à éviter à tout prix, et je m'employais au plus tôt à combattre point par point les éléments de la malédiction paternelle.
Célibataire ? Tel Napoléon débarquant de l'ile d'Elbe pour 100 jours de rappel, une tournée triomphale sponsorisée par Universal et Coca-Cola et évidemment Havas Voyages qui ne savait plus comment convaincre le touriste du 19ème de visiter l'ile de St Hélène, j'ai volé de clocher en clocher, ce qui par une jolie métaphore signifie de filles en filles entre mes 18 et 23 ans jusqu'à atteindre un nombre de conquêtes pas toutes si anavouables clairement indécent, et que seul un curé Irlandais pourrait prétendre pulvériser mais le terme est mal choisi.
Ce qui fait donc que à 23 ans, j'avais trouvé la Brune de ma vie, et que cet objectif là était donc atteint. Et comme l'aurait si joliment dit Link, Tadadadam.
Roubaix ? Déraciné (sic) de Paris à l'age de mes 10 ans au motif d'une mutation professionnelle de mon Padre à Toulouse, j'ai mis 6 ans à me faire accepter par les petits Toulousains, peu amènes à l'endroit de mon accent « qui ne chante pas » (prononcer : qui neuchâneuteupâs » et de mes habits disons très Sergent Major, particulièrement adaptés dans la banlieue riche juste snob de Paris d'où je venais mais qui détonnait un peu avec le look particulièrement décontracté des Toulousain(e)s (j'ai vu mon premier nombril d'une fille dès mon arrivée à Toulouse. En classe de Cm2).
Séquence révélation : non, les acteurs de Hélène et les garçons ne sont pas "mal fringués mais ouf c'est parce que c'était les années 90". On trouve encore ce look coincé, coloré et ridicule dans le 9-2, comme on le désigne, la haut, dans le Nord.
Par conséquent, et étant donné le temps d'adaptation qu'il m'a fallu pour abandonner les pantalons en velour marrons et sweets rouges et jaunes, je n'étais pas prêt d'aller chercher fortune dans le Nord. Exit Roubaix, et dura lex sed lex, donc.
Pousseur de Caddies ? Si mes études n'ont pas été aussi brillantes qu'une tache de mazzout sur un morceau de ballast, c'est aussi que je me suis appliqué très tôt à accumuler les petits boulots qui me surqualifieraient pour pousser des caddies, et qu'un patron de Leclerc recevant mon CV par l'intermédiaire d'un cabinet de recrutement ne se dise pas instantanément « lui ! C'est l'homme qu'il me faut pour pousser mes caddies ! ».
Bac+9, il ne vous reste plus qu'à faire les caissiers dans un Tabac, livrer des pizzas, vendre de la défiscalisation pourrie et répondre à des appels sur un standard pour éviter ce sombre destin.
Bref, louant aujourd'hui donc un appartement plutôt sympa de 60m² pour 600 €uros (Parisiens, haissez-moi) en plein centre-ville de Toulouse où il ne pleut pas trop (Parisiens, re.), avec un très, très bon boulot de responsable juridique d'une société qui ne l'est pas moins (bonne), et une petite amie vraiment, vraiment très jolie (et intelligente, il paraît qu'il faut le préciser pour ne pas faire sexiste), j'ai pulvérisé à ce jour les médisantes incantations paternelles de ma jeunesse, et à priori, j'ai tout pour être heureux.
Problème : au fait, ca veut dire quoi « être heureux ? »
Question Subsidiaire : on fait quoi quand on a atteint les objectifs primaires, chef ?
Ben ouais. Franchement, j'ai beau chercher, je ne sais absolument pas de quoi je pourrais faire les disons 50 prochaines années, si le café/la cloppe/mes nuits raccourcies/mon alimentation à base de sucre plus que douteuse/ma consommation effrenée d'alcool les soirs de cuite, il y'en a/ma tendance à prendre mon petit dej seulement à partir de 19h30 n'ont pas ma peau avant.
Ok, ce post est peut-être mon testament, si je me relis bien.
Bref, en partant du principe que j'ai 50 ans devant moi, mais bordel de dieu, que vais-je bien pouvoir faire ? D'aucun semblent avoir trouvé la solution : on se marie (5 ans de gagnés au passage, 1 pour la préparation et le jour du mariage, 4 pour -tenter de- s'en remettre), on fait des gamins (25 ans de perdus. Une astuce un peu déloyale, tout de même), on achète une voiture scénic MAIS toute équipée (un endettement conséquent et un amour propre meurtri pour plusieurs années pour le mari qui s'est vu imposer un scénic au lieu de la BMW sport qu'il convoitait naivement, le naif), ou enfin, et là on parle du graal du bon Français parce que ce sont le Président et le Premier ministre qui le disent, on achète une maison.
Et là, c'est le ponpon, entre paiements de taxes foncières, refaire la toiture car le précédent propriétaire y a laissé une colonnie de rongeurs s'y installer, abattre cette cloison car tu comprends ca fait plus d'espace et t'as vu la luminosité gagnée (non les amis, abattre une cloison ne fait pas gagner de l'espace : agrandir la maison ou en changer, oui. Ndlrnicolesque), s'angoisser sur le remboursement de mensualités variables mais c'était une bonne idée au départ car les taux étaient faibles sauf que la, bref, la maison, c'est le joujou de l'adulte qui ne savait plus quoi faire. Le tadadadam du Link qu'il a en lui, quoi.
Je sens que je vais me faire des amis avec mes contacts sur Facebook, moi. Notamment.
Et donc vous l'aurez bien compris, tous ces objectifs me barbent au possible. Mais alors diantre et damned, que faire ?
Je m'en vais de ce pas combler mon absence de repas avec quelques (quintaux de) litres d'alcool et j'y réfléchis.
NB : pour rappel, parce que mes fidèles lecteurs ne seront plus là pour me défendre vu qu'après 6 mois d'absence blogique, ils ont du finir par se lasser : ce blog est humoristique. Et je ne pense que très peu ce que je dis, hein.
Pensez-vous.