Que vais-je faire de mes 30 prochaines années, donc, m'interrogeais-je gravement dans mon dernier post, question que je laissais en suspens bien que des mauvaises langues prétendent que après 3 mois, c'est plus en suspens mais en lévitation qu'il faudrait dire.
Les gens sont des impatients notoires, c'est bien connu.
Donc, et avec les mêmes précautions d'usage que prenait Desproges, si je ne meurs pas d'une crise cardiaque d'ici là, que vais-je bien pouvoir faire des quelques années de vie qu'il me reste, maintenant qu'il est clair que la vie étudiante c'est terminé ou ça se termine, parce que des mauvais coucheurs de mes amis gâchent tout à se marier ou faire des gamins, après parfois de moins de 8 ans de vie commune à peine ?
Eh bien c'est simple : je m'en vais tout plaquer, veaux, vaches, lardons et œufs, et je m'en vais planquer à Montréal, et on prend les mêmes et on recommence, mais en moins crispé.
Le premier qui me traite de vache qui rit s'en prend une.
Eh oui, après seulement 17 petites années passées à Toulouse, à tel point que dès la 10ème année, j'étais capable de rentrer de la Place des Carmes aux allées Jean Jaurès en fermant les yeux et rien qu'en palpant les murs (le fait que je sois alors à 3grammes 6 n'ayant évidemment aucun rapport), je m'en vais tater le cul de caribou, histoire de voir si y'aurait pas à Montréal des faux jeunes de mon acabit qui n'auraient pas oublié de vieillir.
Pinocchio et Peter Pan ont eut une influence terrible sur ma culture personnelle.
« Pourquoi Montréal », s'enquièrent en chœur amis et parents, les parents rajoutant à la parole l'humidification d'un mouchoir à la Roger Rabbit ? Ma foi, c'est un choix très franchouillard.
Et pour être honnête, aussi aventureux que traverser sans regarder une ligne de chemin de fer désaffectée du Languedoc-Roussillon un jour de grève générale portant sur les salaires, les retraites et la pénibilité de la vie des conducteurs de locomotives à vapeur.
Un risque mesuré, donc.
Montréal, retenons d'abord les cotés positifs, parce que les gens y sont méga chouette. Étant pour raisons professionnelles habitué à me rendre à Paris, j'avoue que je me suis habitué aux garçons de café qui vous balancent un jus de chaussette ayant quelques années plus tôt probablement eut le goût d'un grain de café périmé en vous lançant un regard haineux, genre « t'as pas honte de venir me faire chier en plein tirage de Quinté + ? ».
On va encore dire que j'exagère.
Pourtant, quelle ne fut pas ma surprise, réelle, lorsque venant de m'assoir et déjà en position de défense (fœtale, donc), je voyais arriver la serveuse, et que celle-ci, au lieu de chercher à m'essuyer le visage avec un torchon ayant connu la guerre (de 14-18), me lança un sourire radieux, en me demandant « salut, ca va ? » .
Ma Brune n'aurait été assise à coté de moi, je l'eusse demandé en mariage pour avoir ainsi réhabilité d'une phrase une génération de serveurs lamentables et parisiens.
Note pour moi-même : songer à venir déguisé lors de mon prochain passage à Paris.
Et tout le Québec est ainsi : imaginez, des Charlotte Le Bon partout ! Et des mecs vachement sympas dont tu ne perçois pas dans le regard la mise en balance de la question « si je fous ce con dans un puit avec un boulet au pied, ça copine m'en voudra t-elle et refusera de coucher avec moi ? ».
Attendez, je crois à me relire que j'ai du oublier de prendre mes pilules anti-paranoïa.
Enfin, bref.
Les mauvaises raisons ? Mon anglais est clairement perfectible, et si comme tout bon Français, j'affiche sur mon CV un « anglais : lu, parlé », la vérité aussi reluisante qu'une Ferrari ayant servi de pataugeoire à une armée de gorets incontinents est que mon Anglais, toujours comme tout bon Français, est aussi scandaleux qu'un Bernard Tapie à un bal de charité.
Autrement dit, pas crédible pour un poil.
Pour moi, Montréal est une envie, profonde, de changer de vie, pour une durée à ce jour indéterminée mais que l'hiver pourrait raccourcir (le prochain qui me dit alors que je sirote un café en terrasse la température qu'il fait actuellement à Montréal prend un glaçon dans son fondement. Histoire qu'il comprenne ce que j'éprouve en entendant un truc aussi cruel que « il fait -3° à Montréal, la ... »), et de rallonger encore mon insouciante vie de jeune adulte, dont la dernière publicité du Crédit Agricole démontre encore une fois l'incroyable précarité (c'est quoi cette manie de vouloir nous conduire à nous endetter sur 65 ans?).
Alors je m'en vais chasser le Caribou. Enfin, m'installer à Montréal, vous m'aurez compris.
Et comme je garde mon job actuel, soit pour ceux qui l'ignoreraient encore alors que je m'en gargarise avec une suffisance à faire passer Michelle Alliot Marie pour une personne humble, « Responsable Juridique Wikio Group » (j'adore. Non mais j'arrête, je vais redevenir insupportable), je garde malgré tout une attache avec la vieille Europe, comme disait un vieux schnock, Cheney, ou un truc dans ce genre.
Et donc, je m'en vais vous raconter par le menu l'histoire de ce déménagement planifié, et de l'installation qui s'en suivra. Ça promet d'être épique dès que la barre des -10° sera franchie, croyez-moi.
Mise à feu pour le 5 Juin, les aminche.