C’est un gag qui me faisait tellement soulever les cotes de rire que je m’étais inscrit en liste d’attente pour une demande d’organes de rechange par anticipation.
Dans un Agent 212, BD qui était réputée pour les gens comme moi nés en 83 et qui se croient encore vainement jeune quand les vrais vingtenaires n’osent pas les contredire même s’ils n’en pensent pas moins, ce dernier se rendait en stage linguistique en Angleterre et n’y rencontrait que des Espagnols, Italiens, Suédois, mais des Anglais, point de cela. Résultat, au retour il parlait aussi bien Anglais que moi l’Occitan.
Pathétiques que les vains soubresauts de crétins en manque de culturette pour essayer de maintenir le vague souvenir de cette langue à la noix et qui disons-le, ne sert à rien, même pas à en rire.
A propos de rire, l’agent 212 me fait plus tellement glousser.
(…)
Cela fait 6 mois, presque 7, que nous avons posé nos valises à Montréal.
Etant de nature passablement anxieuse, angoissée et pathétiquement (pathologiquement ?) en besoin d’affection, la poussière soulevée par le dépôt légèrement hâtif de la demi tonnes d’affaires que ma Brune avait ramené de Toulouse (j’ai pu ramener une brosse à dent, en ce qui me concerne. De poche.) pas encore retombée que j’étais déjà en train de me chercher des nouveaux amis.
J’ai joué au tennis tout l’été avec le premier type que j’ai rencontré dans la rue qui portait une raquette.
J’ai changé de technique depuis, le racolage sur voie publique est interdit ici aussi en fait.
En 3 mois, nous avions réussis (j’inclus Brune histoire qu’elle ne se sente pas totalement étrangère au fait que j’ai fait tout le boulot, j’aime à me dire que je ménage sa susceptibilité) à nous faire assez d’amis pour sortir tous les soirs sans jamais revoir les mêmes personnes.
Et parce que je n’ai pas de raison de ménager ma susceptibilité personnelle : certaines personnes ont même été assez bonnes pour ne jamais avoir à nous revoir une fois.
Ça a été le cas par exemple du premier Québécois que j’ai rencontré à une soirée. Vachement sympa et rigolo, je me demande s’il n’a pas pris peur pour une raison que je ne m’explique toujours pas. Ou alors, c’est quand même fou qu’un Québécois n’apprécie pas de se faire coller toute la soirée par un Français mielleux d’affection à son égard.
Oh, wait.
Bref, passons.
Si j’insiste sur le fait qu’il s’agissait du premier Québécois, c’est surtout que depuis, nous avons été confronté à un phénomène assez étrange. Si nous nous sommes fait des amis à un rythme à obtenir que l’on rebaptise la pyramide de Ponzi en pyramide de Nicopoi (& Carole. Ménager blabla susceptibilité blabla, etc.), il est un fait que ces amis ont la fâcheuse habitude d’être des Français.
Ou autrement dit : on a autant rencontré de Québécois à Montréal que de centimètres carrés de mon cul sans poil.
Si vous saviez ce que ca m’a manqué de ne pas écrire de conneries pendant 6 mois.
(…)
Cet état de fait un tantinet soit peu contrariant à une tendance certaine à me frustrer.
Aussi, quand Carole nous faisait inviter à une soirée d’une Toulousaine avec qui elle (oh, wait !) a sympathisé, j’étais ravi quand en arrivant, je découvrais des accents qui me laissaient supposer sans le moindre doute que enfin, nous avions mis la main sur autre chose qu'un nouveau gisement de Français.
Chose dont je ne pouvais que m’extasier dans un élan de franchise dont j’ai le secret et que je devrais garder tel quel. Secret.
« Ah putain, ça fait plaisir d’être enfin à une soirée où les Québécois sont majoritaires ! ».
(…)
En fait, il y’avait un bolivien, un espagnol, un italien, un suédois, un tyrolien suédois, et évidemment des Français.
Et un Québécois quand même, il faut bien le dire.
… Encore un long silence gêné après une réplique débile de ma part de ce type et je pense que je me défenestre.
Silencieusement.