Hier midi, je m'étais laissé entrainer par 3 collègues de bureau à une petite partie de Squash, probablement désireux de prouver que j'étais pas forcément qu'une moule assise sur une chaise à peine bonne à boire du Red-bull en continu à la manière d'un canard gavé pour les fêtes de noël.
Et non, je n'ai pas un gros nez.
Vous souvenez vous de ce type dans votre classe au lycée (il y'en avait toujours un) qui n'avait pas compris qu'il aurait pu tout simplement se faire dispenser de sport par un médecin compatissant et toujours apte à trouver une maladie rare chez une fille pour la dispenser (genre : allergie contagieuse au vernis à ongle, enfin vous voyez le genre), et qui venait au cours de sport en jean, mocassins et chemisette, dans l'espoir saugrenu de se faire dispenser par le prof ?
Et bien j'étais probablement 3 fois pire : je venais en pantalon à velours, mes mocassins avaient des fers sous le talon (demandez à votre cordonnier : c'est possible, bien que totalement ridicule) et je rentrais ma chemisette dans mon pantalon à velours.
Et je n'ai jamais été dispensé, c'est bien le drame.
Hep, vous, là dans le fond, on arrête de rire, vous croyez que c'est facile de se remémorer en train de faire du badminton dans cette tenue ? Hein ?
Hier, j'étais habillé à peu près correctement, vêtu d'un short pas franchement prévu pour le sport mais plutôt convenable, du moins si l'on ne prend pas en considération que depuis que brune m'a recousue le bouton de fermeture (après que ce dernier soit allé s'encastrer dans un mur sous la pression de mon ventre alors que je baillais très gracieusement) de manière à ce que je ne puisse pas respirer plus que nécessaire pour mourir asphyxié à petit feu, et d'un polo bleu clair Marlboro Classics tout droit importé du Luxembourg et bien qu'hideux esthétiquement parlant, parfait pour rappeler à mes adversaires du jour qu'il faut pas être trop violent avec moi, après tout je suis un gros fumeur.
C'est terrible cette tendance naïve que j'ai à croire que je puisse susciter de la compassion chez les autres.
Non, parce que qu'elle tôle j'ai pris ...
Vous vous souvenez de Henri Leconte ?
C'est pareil.
(...)
Rentré aux bureaux aussi dégoulinant de sueur qu'un couple d'escargots dans une partouze, je me jetais sur la douche sur place (oui, quel luxe à OB !), non sans avoir au préalable jeté un vif coup d'œil dans l'armoire dans laquelle sont rangés les t-shirt publicitaires, m'étant soudainement rappelé que conformément à mes vieilles habitudes du lycée, je n'avais évidemment pas pris d'affaires de rechange.
En même temps, quel intérêt j'aurais eu à me changer à l'époque quand j'étais déjà en pantalons à velours / chemisette avant même d'être rentré aux vestiaires ? Hein ? Je vous le demande, tiens.
Sortant de la douche dégoulinant d'une eau limite radioactive au contact de ma peau poisseuse (j'ai le même système transpiratoire que Michael Jordan. Avec un mètre de moins que ce dernier), je cherchais vainement des yeux la serviette que je n'avais évidemment pas amené.
Je ne suis décidément pas quelqu'un de très prévoyant, c'est un fait.
Mes yeux se posent sur mon polo bleu, sur lequel je ne suis pas loin et sans exagération manifestement excessive de ma part d'apercevoir des bactéries jouer à Aqualand.
... ni une, ni deux, le polo était reconverti en serviette de secours.
C'est con que je ne puisse pas faire comme dans les films d'horreur, à savoir mettre de la musique d'angoisse pour l'ambiance sur certaines répliques. Ça manque.
Séché, quoique à nouveau à demi couvert de la sueur qui stagnait en surface du polo mais bon y'a tout de même un mieux, je roule en boule le polo et me met en devoir d'enfiler le t-shirt publicitaire de ma boite réquisitionné pour la bonne cause sans-foutre-le-bordel-du-tout-au-stock-et-bon-dieu-quelqu'un-sait-comment-plier-une-dizaine-de-t-shirt-mis-en-révolution-s'il-vous-plait-zut-je-m'égare.
« Tiens, c'est bizarre, ils taillent pas un peu court au niveau des bras ? Et puis pourquoi baille t-il à ce niv... merde ! »
C'est fou tout de même comme un t-shirt pour filles peut différer d'un t-shirt pour mec.
Porté, je veux dire.
Torse nu, je fonce discrètement et à l'abri des regards indiscrets vers le stock de t-shirt, et laisse définitivement l'endroit dans le même état que les Allemands ont laissé Stalingrad courant 43.
Je ... je rangerais, ce n'est qu'un malheureux concours de circonstances, boss.
Plus aucun t-shirt pour mec.
Je regarde la boule chiffonnée bleue dont ruissèle des gouttes d'un liquide aux propriétés franchement surprenantes, mais à priori pas humaines.
Un frisson d'horreur me remonte le long du dos.
(...)
Ça a été une longue, très longue après midi.
Moralité : ne mouillez pas vos Marlboros.
Roh, cette conclusion à deux balles, j'ai honte, j'vous jure.