29 août 2008
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Hossegor Capbreton, Aout 2008.
Brune et moi sommes sur un ponton du port, habillés d'une combinaison aussi sexy que celle de Tintin sur la lune, et rôtissons en pleine canicule aussi allègrement qu'une promotion de brochettes Carrefour sur un grill.
J'ai passé les 3 semaines qui ont suivi à ressembler à du gruyère rappé à force de peler.
Si nous sommes ainsi accoutrés sur ce ponton, c'est tout simplement que le copain de mon amie Mélanie (qui nous loge), travaillant pour un loueur de Jetski, a voulu nous faire une petite surprise, et est revenu la veille de son boulot en nous disant « c'est bon, je vous ai réservé une heure pour demain 14h ! ».
Et comme de juste : brune et moi avons passé la matinée à hésiter entre lui demander ou pas de nous confirmer si par « je vous ai réservé », il fallait comprendre « vous êtes invités » ou « aboulez le grizbi, tas de touristes ! ».
... Réflexion mesquine que nous n'avons pas posés parce que nous sommes bien éduqués et que j'étais décidé à sortir mon portefeuille pour montrer que la question n'avait de toute façon pas d'importance.
Mais force est d'avouer que le torrent de sueur coulant sur mon front ne m'aurait pas rendu plus crédible que la Géorgie menaçant de terribles représailles la Fédération de Russie.
Bah.
Avant de faire son briefing en compagnie des autres touristes participant à l'excursion, notre ami nous avait informé qu'il allait « parler de façon un peu dure histoire d'impressionner les autres et qu'ils ne fassent pas de connerie une fois sur l'eau », mais qu'il fallait pas « qu'on s'en offusque, que c'était un numéro et ah ah, vous allez bien rigoler ».
... C'est bien simple, 30 secondes après qu'il nous ait susurré délicatement à l'oreille ces premières menaces de mort si on déviait d'un centimètre « tas de bleus ! », j'avais l'impression d'avoir signé pour la légion étrangère.
Si je vous disais que j'ai vu une des autres touristes au bord de la crise de larmes ...
(...)
Lorsque je rêvais à une révolution sanglante et qui enverrait tout le showbizz au bagne de Cayenne, rêverie inspirée par quelques ramassis de feuilles pourries consacrées au thème du « People », je considérais que l'activité du jetski ne pouvait qu'être réservée à une certaine élite de demeurés.
... Je ne me trompais que sur la notion d'élite : parce avec mes yeux exorbités quand nous nous sommes retrouvés sur le jetski dans le chenal menant au grand large, pas à dire, j'étais définitivement le roi des demeurés. C'est bien simple, j'étais aussi terrorisé que quand le jour où j'avais mangé à l'école, un copain rentré chez lui pour manger le midi était revenu en laissant tomber cette réplique d'une atrocité mélodramatique sans nom : « tiens, les bulletins sont arrivés ! ».
Je n'ai plus jamais mangé à l'école à midi en fin de trimestre, tiens.
Nous sommes arrivés à la sortie du chenal. Et là, tous les jetski se mettent à prendre de la vitesse, ayant bien compris le moniteur quand il avait expliqué que pour les pêcheurs rentrant au port, nous ne représentions pas autre chose qu'un banc de crétins à qui faire payer le oui au traité de Maastricht.
Tous ? Non, un jetski fait de la résistance toujours et encore aux barbus de type bretons.
« Non Nico, n'accélère pas, je vais tomber ! Ah ... aie ... ah ... aie ... ah ... aie aie ! »
Ne nous trompons pas de contexte : nous étions bien sur un jetski.
Vous avez forcément en mémoire ces photos du Barthez se faisant cuire le caillou sur son jetski, le sourire aux lèvres derrière ses Rayban-Prada tandis que la blonde de service souriait béâtement au journali... pas grand chose ?
Il était sur la méditerranée.
Non, parce que de toute évidence, si Gala ou l'un ou l'autre des torchons actuels l'avait photographié sur son jetski à Hoss... Capbreton, tout ce que l'on aurait eu comme photo à contempler, c'est un bonhomme terrorisé entre chaque vagues et tentant de déserrer l'étau des griffes de sa brune hurlant à la mort dès qu'il dépassait péniblement les 10 km/heure.
... Lorsque nous avons rejoins une quinzaine de minutes plus tard le groupe, notre arrivée était gratifiée d'un « eh bien, vous avez fini par trouver l'accélérateur ? » qui raisonne encore douloureusement dans mes oreilles, lorsque tard la nuit je vais prendre mes antidépresseurs que m'a prescrit mon médecin suite à cette journée.
Sans parler de quintaux de biafine, évidemment.
Le jetski, c'est vraiment un truc de demeurés, tiens.
