12 avril 2007
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Avec la vitesse d’un Tgv survolté pour un record de vitesse , une rumeur outrageusement vexante se propagea assez rapidement dans mon cercle d’intimes , alors que les cartons à peine posés en vrac n’avaient pas encore eu le temps de refroidir , rue Palaprat .
Mon lit serait inconfortable .
Les gens sont d’un médisant , c’en est triste .
Déjà et premièrement , ce lit n’en était pas vraiment un , appartenant plutôt et de loin (un peu comme le Néanderthalien l’est à l’homme moderne) à la filiation des canapés , pour peu que l’on passe sous silence sa barre du milieu qui en faisait un endroit aussi agréable ou dormir qu’un matelas pneumatique dérivant au milieu d’un banc de requins blancs nourris à la crème vanille depuis un mois .
Par ailleurs , les couvertures , que je l’avoue je ne rangeais pas scrupuleusement tous les matins , s’imbibèrent assez rapidement au fil des soirées qui émaillèrent la vie de mon appartement d’un délicat fumet , sorte de mélange de fumée de cigarette , de whisky et de chips écrasées , ce qui ne contribua pas à faire taire les méchantes langues sur mon sens pourtant légendaire du confort .
Des images circulent de moi marchant sur une plage en mocassins .
Etrangement , j’ai ressenti l’impérieuse nécessité lors de mon emménagement Place Esquirol de faire l’acquisition d’un nouveau lit , ou plutôt au vu de mon modeste budget massacré par des frais d’agence plus sûrement qu’un Tutsi rentré par erreur dans une conférence Hutu , d’un matelas ultra méga confortable , ainsi que de tout un panel de draps , dessus de lit , oreillers et couvertures neuves qui me réapprirent ce sentiment étrange et mystérieux consistant à ne pas avoir peur de se coucher .
Le grand luxe , donc .
(…)
C’est sa faute .
Je vivais heureux , dormais paisiblement et (presque) sans angoisse . Sans doute pour cette raison qu’il a fallu que cette petite andouille que mes parents appèlent pour lui faire plaisir « ma sœur » , ne vienne mettre les pieds dans le plat .
Je vivais si heureux fils unique , il y’a 19 ans de cela .
« Nico , tu peux me prêter tes draps de rechange ? »
Tsss . Petite effrontée , non mais je vous jure .
« Désolé Marine , j’en ai que deux sets de draps , et d’ailleurs … tiens , ça doit commencer à faire un certain temps que je n’ai pas fait la rotation semes… trimestrielle . »
Il faut savoir pour ma défense que je passe de longues minutes à pleurer tout seul dans ma chambre au moment de changer mes draps , cherchant désespérément un moyen de le faire facilement , sans passer une heure à insulter mes couvertures parce qu’elles ne coopèrent pas , et une bonne heure de plus à m’insulter parce que j’ai remis les anciens draps en croyant mettre les nouveaux .
Du Nico , en somme .
Alors que j’avais encore le soupir de déception de ma sœur qui raisonnait désagréablement dans mon oreille , les premières sueurs froides commençaient à rendre mon front aussi humide qu’un hammam , et les questions existentielles allaient porter le coup de grâce lorsqu’elles allaient agresser mon pauvre petit cerveau sans défense .
« Tiens , d’ailleurs , qu’est ce que j’ai fait de ces draps ? » .
… Inutile de dire que cela fait donc 2 semaines que j’écume tout les pressings de Toulouse -vainement- à la recherche de mes draps .
Alzheimer , c’est à partir de quel age déjà ?