4 avril 2007
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En 1860 , les Etats-Unis n’avaient pas encore pris l’habitude d’enquiquiner le monde entier , même si les Mexicains qui se les étaient déjà pris dans la tronche vingt ans plus tôt avaient précocement acquis le rang de souffre douleur , qu’ils n’ont d’ailleurs à ce jour à ma connaissance toujours pas lâché .
Je viens de comprendre pourquoi j’ai longtemps adoré les Etats-Unis .
Des lors , et comme il faut bien tuer le temps histoire de pas s’emmerder ou regarder Pascal Sevran , ils ne trouvèrent pas d’autre solution que de s’offrir une petite guerre civile , déclenchée sur des motifs dont la pâleur prouve bien que déjà à l’époque , il ne faisait pas bon de regarder la télévision un dimanche midi .
Relever les anachronismes serait particulièrement cruel de votre part .
C’est ainsi que 5 années durant , les Américains s’écharpèrent joyeusement à coup de sabres et mitrailles chatouillantes au possible , trop heureux d’avoir enfin l’occasion de faire application de leur droit constitutionnel de posséder des armes , mais surtout , de s’en servir et si possible légalement .
Pour tout dire , en 1863 , le Nord était plutôt mal barré , ayant enquillé un certain nombre de roustes mémorables dues à des généraux soit trop timorés , soit un brin optimiste , comme ce bon vieux Burnside , qui en 1862 avait considéré comme déstabilisant pour l’ennemi que de l’attaquer là ou cet ennemi était le plus fort , sur une colline planqué derrière un muret de briques .
Les quelques dizaines de milliers de pauvres types trucidés à bout portant en raison de son ordre délirant n’ont jamais eu franchement l’occasion de désapprouver sa notion de « déstabilisant » .
Il est à noter que bon nombre de généraux Français de 14-18 semblent avoir étudiés les mêmes bouquins que Burnside , également .
En 1863 , donc , les Etats-Unis en tant que tels semblaient condamnés , la séparation en deux petits états médiocres et insignifiants à priori assurée , le grand père de Saddam Hussein dormait sur ses deux oreilles et Staline réfléchissait déjà à la façon dont il renommerait Paris et Londres à la mode soviétique .
Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes , donc .
Et la , l’accident . Les Sudistes , désignés depuis comme les méchants mais n’oublions pas que les perdants sont souvent accablés à tord et à travers , dans un trop plein d’optimisme assez blâmable , décidèrent d’aller faire un peu de tourisme militaire dans les Etats du Nord encore assommés par l’une ou l’autre de leurs précédentes défaites , et c’est ainsi que leur armée alla chasser la bourgeoise Nordiste , en ce beau mois de Juin de cette année là .
Il faut savoir que les charters pour la Thaïlande n’existaient pas encore à cette époque .
Alors que les ripailles et viols atteignaient leur plein , nombre de soldats sudistes se rendirent compte que tout à leurs banales occupations , ils avaient oubliés d’embarquer avec eux un nombre respectable de chaussures , ce qui faisait qu’après 200 km de marche forcée , une masse pléthorique d’entre eux se retrouvait nu pieds , ce qui fait toujours mauvais genre au moment de mettre à sac une petite villa de Pennsylvanie .
Allons , allons .
C’est la raison pour laquelle les braves sudistes prirent la direction d’une bourgade du coin , un lieu hautement pittoresque nommé Gettysburg , village paumé auquel une fabrique de chaussures était l’équivalent d’Airbus pour Toulouse en matière d’emploi .
Je vous l’ai déjà dit : pour les anachronismes , vaut mieux oublier .
Patatras . Lorsque les sudistes arrivèrent sur place , au matin du 1er Juillet 1863 , ils tombèrent non pas nez à nez avec des Nike ou autres Adidas , mais plutôt et plus dangereusement avec des fusils rayés à répétition portés à bout de bras par des Nordistes revanchards et franchement mauvais joueurs .
Tirer sur des nus pieds . Tsss .
Il s’ensuivit une bataille de 3 jours , qui se solda par l’écrasante défaite des Sudistes , assez inconscients ou sans doute trop lassés des mycoses aux orteils pour se lancer à l’assaut d’une colline nus pieds , en coupant à travers des champs de blé , ce qui n’arrange rien quand on sait comme un Nico comme il est douloureux de poser un pied nu sur un pied de blé coupé à la base .
Enfin , toujours moins quand même qu’une balle perdue tirée par un Nordiste revanchard .
Tout ceci pour dire que j’ai non pas la flemme de faire les boutiques et de remplacer enfin mes chaussures -je le concède- magnifiquement usées et aussi douloureuses qu’un tapis de Fakir indien portable , mais que je ne fais que soutenir moralement ces pauvres Sudistes qui , en ce 3 Juillet 1863 , sont morts pour une bête histoire de godasses .
Evidemment .