Vendredi .
Je me suis longtemps demandé si les filles connaissent ce sentiment bizarre que de se réveiller en ayant en tête l’idée obnubilante " ce soir je vais faire l’amour " , non pas que la chose soit si rare –quand même !- mais que de le faire avec une quasi inconnue en sachant que seul un cataclysme majeur ou , au choix , une convocation judiciaire sur demande de ma banque , pourrait l’empêcher .
En se réveillant dans ces conditions , inutile de dire qu’une banale journée de 24h en paraît 956 .
Bon . Faisons le point .
Champagne ? Acheté , j’ai réussi a ne pas me couvrir de ridicule au moment de l’acheter , évitant de prononcer le nom de la bouteille retenue comme une regrettée fois avec un accent a faire pleurer de rire le premier épicier venu . Dommage cependant qu’il m’ait fallu trouver un tombereau d’excuses pour justifier que j’ai oublié mon portefeuille chez moi …
Deuxième boutique Nicolas écumée a laquelle je ne retournerais pas .
Appartement ? Moquette frottée a l’éponge pendant plus de 2h la veille , vaisselle des 3 dernières semaines expédiée en un temps record (quelques verres n’y ont des lors et forcément pas survécu) , odeur de tabac dissipée avec le papier d’Arménie …
La larme a l’œil , j’ai hésité a photographier mon appartement dans cet état franchement inhabituel .
Préservatifs ? Achetés , j’ai réussi a vaincre cette appréhension qui me tenaille atrocement a chaque fois que je songe a rentrer dans une pharmacie pour ce faire , guettant le nombre de clients a l’intérieur et qui pourraient avoir le regard lourd sur mon achat (je suis frappé , je pense qu’il me serait moins difficile d’acheter Mein Kampf devant un plein stade qu’une boite de Durex devant un seul et unique témoin) …
J’ai fait 10 pharmacies avant d’en trouver une paumée et vide , dont je ne risquerais pas de croiser le proprio par la suite …
J’arrivais donc au boulot avec le sentiment d’avoir fait de mon mieux pour recevoir mon invitée , que je devais retrouver aux alentours de 22h .
" Nicolas ? Mais … tu arrives trop tôt ! "
J’aurais préféré le cataclysme majeur , tout compte fait . Bon dieu , comment se sortir de ce merdier … Première chose urgente : ne surtout pas avertir Nina . Je vois trop le tableau sinon : " Ben écoute , c’est pas grave , 23h ça fait un peu tard , on remet ça a plus tard " ce qui équivaut en langage Français a un " T’es une triple buse , tu avais une chance ce soir et tu en auras pas deux . "
Que mes lectrices tentent de dire le contraire .
Aussi me restais plus qu’a trouver un moyen d’amadouer la Nina pour lui faire passer la pilule quand j’avouerais mon incroyable bourde . Plan Nicodrillon , hop ! Je fonçais chez Celio troquer mon effroyable polo jaune contre un t-shirt présentant mieux (ce qui n’est pas difficile, la couleur jaune passe rarement auprès des filles , allez savoir pourquoi) , puis faisait un détour par mon oasis Toulousaine , le " Flowers Café " , producteur comme nul autre de tartes aux citrons a tomber par terre .
Et a faire oublier un plan foireux organisé par un Nico tête en l’air .
Nina a eu la gentillesse de ne pas m’en vouloir . La preuve , j’ai pu réaliser un de mes plus vieux fantasmes (chose que je nierais formellement si mon employeur venait a imprimer ses lignes en vue d’une procédure disciplinaire …) , ce qui vous l’imaginez suffit a rompre la glace et a donner le tempo de la soirée …
Alors que nous batifolions gaiement chez moi plus tard dans la soirée , j’entendais des bruits inhabituels provenir d’en bas de chez moi … au bout de quelques minutes , je comprenais que des badauds amusés des gémissements de la Nina (si ! si !) s’amusaient a eux mêmes obtenir un son se rapprochant de ceux particulièrement conséquents émis par cette dernière .
J’ai été fermer la fenêtre avec un large sourire , saluant comme il se devait notre quinzaine (sic.) de spectateurs auditifs .
Que c’est bon pour l’égo , ce genre d’histoires …