4 mai 2006
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J’ai réussi dimanche soir et dans l’idée de palier a quelques récentes déficiences de ma pauvre mémoire rudement mise a l’épreuve par quelques épiques soirées , a m’envoyer un mail non pas pour me donner l’impression que l’on m’écrit comme l’ont sous entendues quelques mauvaises langues , mais pour me noter en pense bête les 3 urgences que j’avais a régler depuis quelques semaines déjà (je ne vous dit pas le temps que prennent les non urgences) ...
Je cite mon mail :
- Aller chercher le cadenas de mon défunt vélo . Je dois bien concéder que l’escalade de l’Ensica lui a été fatale , 2 roues voilées étant venues parachever sa longue agonie entamée des son irréfléchi achat (80€ pour un vélo neuf n’avait pas paru suspect a mon portefeuille défaillant) . Mais le cadenas peut toujours servir a la vaine protection de celui que m’a donné mon père en remplacement de ma regrettée ruine …
- Faire un détour par la poste pour savoir si le recommandé AR qui m’y attend depuis 2 semaines est un message d’insulte de mon ancien employeur , de son avocate , des Prud’hommes de Carcassonne ou des 3 a la fois .
- Passer a ma banque déposer un chèque aux ¾ décomposés a force d’avoir jauni dans mon portefeuille , et y récupérer ma nouvelle CB puisque j’ai perdu ma dernière qui datait de Février (la précédente m’ayant également fait une durée remarquablement réduite , démagnétisée a force de "rangements" a l’arrache dans mes jeans) .
La théorie a de magique qu’elle apparaît toujours pure et parfaite . Restent les faits …
(…)
Ayant laissé bien évidemment passé la journée de lundi sans vaquer a mes obligations , c’est mardi que j’ai réussi a me décider a enfourcher mon (nouveau) vélo pour me lancer a l’ascension non pas de la clôture de l’Ensica (médisants !) mais de la cote de Jolimont .
Aussi loin que je me souvienne , la dernière fois que j’avais vu autant de vent , c’était en Ciao sur la route de Blagnac , pendant la tempête de fin 1999 …
« Bon dieu , c’est pas vrai , j’ai fait cette cote une demi centaine de fois l’été dernier , il n’y a aucune raison que je ne puisse la refaire ! Quoi , j’aurais trop fumé ? Vieilli ? Non Nico , tu feras cette côte jusqu’au bout . »
… J’ai quand même passé 10 minutes a agoniser une fois arrivé en haut , me demandant si je pourrais trouver un cœur d’occasion au discount du coin …
Je sais que je manque d’originalité , mais j’avoue que j’ai cherché un nouveau moyen de mettre fin a mon effroyable existence quand je me suis rendu compte arrivé a mon défunt vélo que j’avais oublié la clé du cadenas …
(…)
Nullement découragé , je prenais la direction de la poste , encouragé par le fait que je m’y prenais assez tôt pour éviter les infernales et affolantes files d’attentes des heures de pointe .
C’était oublier qu’un nombre incommensurablement décadent de vieux semblent pratiquer avec un art subtil un petit jeu qui se nommerait « pourquoi croupir dans ma maison de retraite quand je pourrais bloquer avec mes petits ridés de camarades toutes les files d’attente d’une obscure poste pour y rendre dingue un jeune étudiant il est vrai un peu nerveux ? » .
Après avoir passé un long moment de solitude a regretter d’avoir embarqué mon lecteur mp3 sans pile et a prier pour une canicule précoce , arrive mon tour . Après tout , 45 minutes d’attente , ce n’était pas si cher payé .
Enfin ça ne l’aurais pas été si je n’avais oublié ma carte d’identité , « indispensable » , dixit le misérable fonctionnaire qui ne saura jamais a quel point il n’est pas passé loin de faire corps avec son agrafeuse traînant a portée de mes mains crispées et hélas hésitantes …
Je passe volontairement sous silence le passage de la banque , j’aurais peur d’être trop prévisible a dire qu’ayant oublié ma carte d’identité , j’avais oublié le portefeuille censé la contenir et donc par conséquent le chèque qui aura encore la possibilité de jaunir quelques heures de plus …
(…)
Mercredi .
Je me suis réveillé avec la volonté de tout détruire , ou plutôt de pallier a mes notables insuffisances de la veille .
Bien que n’ayant réussi a parvenir au sommet de Jolimont sans me poser la question si un hôpital accepterait mes organes en cas de décès prématuré , j’arrivais clés en mains jusqu'à la ruine qui fut mon vélo .
J’ai passé quelques minutes , après l’avoir détaché , a le regarder un pincement au cœur , comme s’il me hurlait «salop ! Après tout ce que j’ai fait pour toi , tu m’abandonnes lâchement !» . J’ai commencé a lui tourner le dos , les jambes flageolantes , puis a me retourner , prêt a l’embarquer contre vents et marée et lui offrir une retraite dorée dans ma cour .
Se profila alors dans ma tête ce que donnerait la descente de Jolimont , le cul non pas entre 2 chaises mais entre 2 vélos , des bourrasques d’enfer dans le dos et des roues voilées traîtres prêtes a m’offrir une mort aussi violente que pathétique . Pensant que j’allais rendre dingue le policier qui chercherait la trace d’un deuxième cycliste a coté de ma dépouille , j’ai préféré lui faciliter le travail et sans un dernier regard , abandonner la chose …
Je récupérais et déposais dare-dare recommandé AR et chèque , nonobstant toute volonté revancharde envers les employés responsables de mes affres de la veille .
Et la , devant l’absence de toute difficulté notoire , j’en déduisais que j’étais dans une de ces journées ou j’avais une chance d’être moins ridiculement inefficace que dans ma routine plus cauchemardesque .
J’empoignais mon téléphone , qui en quelques minutes a plus chauffé que le type qui a 8h15 le 6 Aout 1945 a dit «c’est quoi cet objet qui tombe , la haut ?» (c’était a Hiroshima , j’allais oublier de le préciser) :
- Appel a Orange , résolution vieille de quelques mois , pour mettre fin a la razzia que ces rascals opèrent chaque mois sur mon pauvre compte .
- Appel a l’organisme qui m’a prêté de quoi régler ma déjà regrettée caution (ça coûte combien une moquette a refaire ?) pour anticiper le remboursement de ma dette .
- Appel a Club-internet , pour exiger avec succès 3 mois gratuits de forfait , un nouveau modem , une connexion plus rapide , la suppression totale et définitive de tout rapport sous quelque forme que se soit avec France Telecom et soyons fou la télévision numérique .
J’étais tellement bien lancé que je me voyais bien négocier la paix au Moyen Orient , le retour a la TIPP , l’anticipation de présidentielles ou encore le rachat de Microsoft , par exemples fortuits …
Ces quelques moments de rare efficacité ne justifient en rien que je sois un boulet les 364 autres jours de l’année , mais dieu qu’ils font du bien au moral …
Je cite mon mail :
- Aller chercher le cadenas de mon défunt vélo . Je dois bien concéder que l’escalade de l’Ensica lui a été fatale , 2 roues voilées étant venues parachever sa longue agonie entamée des son irréfléchi achat (80€ pour un vélo neuf n’avait pas paru suspect a mon portefeuille défaillant) . Mais le cadenas peut toujours servir a la vaine protection de celui que m’a donné mon père en remplacement de ma regrettée ruine …
- Faire un détour par la poste pour savoir si le recommandé AR qui m’y attend depuis 2 semaines est un message d’insulte de mon ancien employeur , de son avocate , des Prud’hommes de Carcassonne ou des 3 a la fois .
- Passer a ma banque déposer un chèque aux ¾ décomposés a force d’avoir jauni dans mon portefeuille , et y récupérer ma nouvelle CB puisque j’ai perdu ma dernière qui datait de Février (la précédente m’ayant également fait une durée remarquablement réduite , démagnétisée a force de "rangements" a l’arrache dans mes jeans) .
La théorie a de magique qu’elle apparaît toujours pure et parfaite . Restent les faits …
(…)
Ayant laissé bien évidemment passé la journée de lundi sans vaquer a mes obligations , c’est mardi que j’ai réussi a me décider a enfourcher mon (nouveau) vélo pour me lancer a l’ascension non pas de la clôture de l’Ensica (médisants !) mais de la cote de Jolimont .
Aussi loin que je me souvienne , la dernière fois que j’avais vu autant de vent , c’était en Ciao sur la route de Blagnac , pendant la tempête de fin 1999 …
« Bon dieu , c’est pas vrai , j’ai fait cette cote une demi centaine de fois l’été dernier , il n’y a aucune raison que je ne puisse la refaire ! Quoi , j’aurais trop fumé ? Vieilli ? Non Nico , tu feras cette côte jusqu’au bout . »
… J’ai quand même passé 10 minutes a agoniser une fois arrivé en haut , me demandant si je pourrais trouver un cœur d’occasion au discount du coin …
Je sais que je manque d’originalité , mais j’avoue que j’ai cherché un nouveau moyen de mettre fin a mon effroyable existence quand je me suis rendu compte arrivé a mon défunt vélo que j’avais oublié la clé du cadenas …
(…)
Nullement découragé , je prenais la direction de la poste , encouragé par le fait que je m’y prenais assez tôt pour éviter les infernales et affolantes files d’attentes des heures de pointe .
C’était oublier qu’un nombre incommensurablement décadent de vieux semblent pratiquer avec un art subtil un petit jeu qui se nommerait « pourquoi croupir dans ma maison de retraite quand je pourrais bloquer avec mes petits ridés de camarades toutes les files d’attente d’une obscure poste pour y rendre dingue un jeune étudiant il est vrai un peu nerveux ? » .
Après avoir passé un long moment de solitude a regretter d’avoir embarqué mon lecteur mp3 sans pile et a prier pour une canicule précoce , arrive mon tour . Après tout , 45 minutes d’attente , ce n’était pas si cher payé .
Enfin ça ne l’aurais pas été si je n’avais oublié ma carte d’identité , « indispensable » , dixit le misérable fonctionnaire qui ne saura jamais a quel point il n’est pas passé loin de faire corps avec son agrafeuse traînant a portée de mes mains crispées et hélas hésitantes …
Je passe volontairement sous silence le passage de la banque , j’aurais peur d’être trop prévisible a dire qu’ayant oublié ma carte d’identité , j’avais oublié le portefeuille censé la contenir et donc par conséquent le chèque qui aura encore la possibilité de jaunir quelques heures de plus …
(…)
Mercredi .
Je me suis réveillé avec la volonté de tout détruire , ou plutôt de pallier a mes notables insuffisances de la veille .
Bien que n’ayant réussi a parvenir au sommet de Jolimont sans me poser la question si un hôpital accepterait mes organes en cas de décès prématuré , j’arrivais clés en mains jusqu'à la ruine qui fut mon vélo .
J’ai passé quelques minutes , après l’avoir détaché , a le regarder un pincement au cœur , comme s’il me hurlait «salop ! Après tout ce que j’ai fait pour toi , tu m’abandonnes lâchement !» . J’ai commencé a lui tourner le dos , les jambes flageolantes , puis a me retourner , prêt a l’embarquer contre vents et marée et lui offrir une retraite dorée dans ma cour .
Se profila alors dans ma tête ce que donnerait la descente de Jolimont , le cul non pas entre 2 chaises mais entre 2 vélos , des bourrasques d’enfer dans le dos et des roues voilées traîtres prêtes a m’offrir une mort aussi violente que pathétique . Pensant que j’allais rendre dingue le policier qui chercherait la trace d’un deuxième cycliste a coté de ma dépouille , j’ai préféré lui faciliter le travail et sans un dernier regard , abandonner la chose …
Je récupérais et déposais dare-dare recommandé AR et chèque , nonobstant toute volonté revancharde envers les employés responsables de mes affres de la veille .
Et la , devant l’absence de toute difficulté notoire , j’en déduisais que j’étais dans une de ces journées ou j’avais une chance d’être moins ridiculement inefficace que dans ma routine plus cauchemardesque .
J’empoignais mon téléphone , qui en quelques minutes a plus chauffé que le type qui a 8h15 le 6 Aout 1945 a dit «c’est quoi cet objet qui tombe , la haut ?» (c’était a Hiroshima , j’allais oublier de le préciser) :
- Appel a Orange , résolution vieille de quelques mois , pour mettre fin a la razzia que ces rascals opèrent chaque mois sur mon pauvre compte .
- Appel a l’organisme qui m’a prêté de quoi régler ma déjà regrettée caution (ça coûte combien une moquette a refaire ?) pour anticiper le remboursement de ma dette .
- Appel a Club-internet , pour exiger avec succès 3 mois gratuits de forfait , un nouveau modem , une connexion plus rapide , la suppression totale et définitive de tout rapport sous quelque forme que se soit avec France Telecom et soyons fou la télévision numérique .
J’étais tellement bien lancé que je me voyais bien négocier la paix au Moyen Orient , le retour a la TIPP , l’anticipation de présidentielles ou encore le rachat de Microsoft , par exemples fortuits …
Ces quelques moments de rare efficacité ne justifient en rien que je sois un boulet les 364 autres jours de l’année , mais dieu qu’ils font du bien au moral …
