Collège Pierre de Fermat , 1995 .
Je n’avais toujours pas compris du haut de mes 12 ans que ma mièvrerie risquait de me porter un préjudice aussi éclatant qu’une victoire de chef d’état Africain ayant au préalable de l’élection fait tâter la vase d’un profond fleuve local a ses sympathiques mais ô combien encombrants opposants …
Tout cela pour dire que j’avais quelques années de retard mental sur mes petits camarades . Déjà …
Pour rajouter a mon navrant manque de maturité , mon collège avait jugé utile de faire l’expérience l’année précédente d’une classe uniquement masculine (le directeur devait probablement être nostalgique de son bon vieux temps , une raison de plus pour moi de haïr les vieux) , qui aurait pu avoir une touche féminine grâce a une erreur de l’administration si « l’erreur » n’avait pris ses jambes a son coup des la 1ère heure de classe .
Il m’arrive aujourd’hui de rêver d’avoir été une « erreur » dans une classe uniquement féminine .
Bien qu’effroyablement peu préparé donc a fréquenter a nouveau le sexe opposé , je tombais rapidement sous le charme de Marjorie , ce qui en cette tendre et lointaine époque signifiait que j’envisageais au mieux de lui faire un bisou sur la joue , en priant de pas me faire traiter de vicieux congénital pour cet acte on ne peut plus osé .
Bien qu’ayant viré au rouge plus qu’un alcoolique mal repenti pour se faire , je lui avais proposé de se joindre a moi dans la rédaction de mon journal , ce qu’elle acceptait avec un enthousiasme tel que je me permis de réviser mon objectif et envisageais carrément de l’embrasser sur le front .
Le Nico se dévergondait plus vite qu’un fonctionnaire enfilant ses pantoufles devant le maillon faible …
Nous prenions l’habitude de manger ensemble le mardi midi –jour de rédaction- , j’avais le chic pour nous dégotter de charmants coins qui la ravissaient . Et puis après tout , pour nous a l’époque , manger en terrasse de Mc Donald , c’était l’aventure …
Hélas , mon meilleur ami de l’époque , Benoît, me saborda avec autant d’efficacité qu’un ministre candidat au sein d’un gouvernement bicéphale …
Bon dieu . Je me souviendrais toujours de ce sentiment d’injustice que j’ai éprouvé en voyant Marjorie me faire des signes marquant un tantinet soit peu sa légère contrariété (elle menaçait de me trancher la gorge , pour résumer) après que Benoît ait fait circuler un papier en Cour de Technologie de l’insoutenable Mme Ribes sur lequel était marqué « Nicolas veut coucher avec Marjorie » …
Le plus drôle reste que j'ignorais sombrement ce que pouvait vouloir dire ces quelques mots , c'était me preter plus de maturité que je n'en avais effectivement ...
J’ai pris la seule et unique claque de toute ma vie de la part d’une fille a la sortie de ce cour , pleurant de quoi remplir l’Océan Pacifique si besoin était …
Que de chemin parcouru depuis …