Février 2001 .
5h du mat , bon dieu . C'est à ce genre d'heure que l'aspect schizophrène de ma personnalité resplendit dans toute son aberrante folie , lorsque j'en suis à insulter cet abruti de Nico qui a accepté la veille au soir avec un enthousiasme criminel de partir skier dans les Pyrénées avec cette andouille de Frédérique .
J'aurais peut-être pardonné "Nico de la veille" s'il n'avait pas pensé a mettre 2 réveils , dont un hors de portée de main pour éviter que les 2 ne subissent la même destruction qu'ils méritaient légitimement .
Aussi , quelle idée de sonner a 5h du mat . Pfff .
Quelque chose ne tourne pas rond . J'ai chaud . Il y'a du chauffage , ça oui , mais étant donné que ma fenêtre est aussi hermétique que l'emploi du temps d'un ministre des affaires étrangères , la température antarctiquienne de ma chambre devrait normalement suffire a rabaisser ma température interne a un niveau équivalent a celle d'un eskimo en maillot de bain sur la banquise .
Mais la , j'ai chaud . D'ou mon désappointement naissant .
D'ordinaire , la douche se suffit presque toute seule (ben oui , le café reste nécessaire , évidemment) en elle même pour me réveiller , ayant l'étrange réflexe de la passer a regarder mon ventre , que je trouve gros sous l'eau et vu d'en haut , ce que le miroir plus flatteur (et diplomatique , mais il n'est pas a l'abri , lui , de ma rancune...) saura me faire oublier quelques minutes plus tard .
La douche après mon passage ressemble a un hammam , mais cela n'explique toujours pas pourquoi mon ventre me donne l'impression de se la jouer sauna . Déréglé .
Ok , j'ai vraiment un problème , même mon rituel café ne passe pas . J'ai beau essayer , mon front moite et mes mains tremblotantes semblent refuser de coopérer , de façon au moins aussi obstinée qu'un Saddam coopérant a sa façon avec l'Onu .
Je commence a me demander ce que pourra être la riposte George Bushienne .
Me voila emmitouflé dans ma combinaison sur les allées Jean Jaurès , mes skis a la main , les yeux révulsionnés et toujours avec cette impression de canicule interne , l'envie grimpante de me servir des bâtons pour me pratiquer des petites aérations dans le corps .
J'avais peur d'être moins aérodynamique sur les pistes , je me suis abstenu .
Le car arrivait . Frédérique et un autre gus nous accompagnant y avaient déjà pris place , je les rejoignais avec un enthousiasme n'ayant rien a envier a celui d'un démineur opérant bénévolement sur une Normandie post occupation Allemande , à mains nues .
Et le car démarra .
En l'espace de 6 secondes , la terre venait de basculer dans ma tête , un torrent inondant soudainement mon front , et mon estomac se retournant aussi allègrement qu'un opposant politique qui se verrait proposé un portefeuille ministériel . Tout juste mes jambes surent me porter les quelques secondes nécessaires pour que j'atteigne les toilettes .
J'y ai passé , sans mentir , environ 15 minutes a vomir , par la bouche , le nez , et les oreilles si ca avait été possible . Une horreur .
C'était ce beau matin de Février 2001 , a 6H15 du matin , dans ce car censé m'amener dans les Pyrénées , mais qui n'avait pas fait 10 mètres que j'avais déjà su m'attirer l'hostilité criante des autres passagers ...
L'odeur , sans doute .