Cela fait au moins deux mois que le Nico est passé en mode amorphe , et que par conséquent mon nombre de soirées hebdomadaires a été drastiquement diminué pour laisser a mes vieux os endoloris par l’été et l’orgie décadente y attenant le temps de souffler un peu , ce qui concrètement signifie que je ne fais plus que 3 grosses soirées par semaines maximum .
Et minimum , évidemment .
(…)
Samedi Soir .
Avec Mat , nous retrouvions Benoît et Camille après seulement une demi centaine d’appels inutiles du type « t’es ou » , « on marche , on est la dans 30 secondes » ou le aussi très classique « je suis dans le bar , je te vois pas » .
Pas a dire , le portable c’est une invention formidable .
Nous prenions un premier verre a « la tireuse » , un bar sympa permettant a des tarifs hautement prohibitif de se la jouer connaisseur en bière , ce qui vous permettra de disposer ainsi d’une raison tout a fait valable pour justifier auprès de votre banquier une facture de bière a 10 euros sur votre relevé de compte . Après tout , vous ne faisiez qu’enrichir votre culture sur le houblon .
Essayez , vous allez voir il va adorer , le banquier .
En sortant de ce premier bar , nous résistions avec une certaine vaillance a la tentation du Kebab , qui comme chacun le sait ne répond aucunement a une envie primaire de se sustenter , mais correspond plutôt a un appel bestial des sens , aiguisés trompeusement par l’odeur de la mauvaise graisse animale , du ketchup mayonnaise sombrement accompagnés de frites honteusement huilées , le tout formant un ensemble parfaitement contre indiqué pour un Nico accusé par de méchantes langues , je cite , « d’avoir pris un peu de ventre » .
Il n’empêche que j’aurais tué père et mère pour l’ombre d’une bouchée , aussi réduite soit-elle . Rah .
Après avoir calé sur la « cale sèche » , un bar a rhum ou l’on fera l’expérience incroyablement utile d’apprendre que l’on peut aussi bien marier de l’alcool a 40° avec de la banane qu’avec du kiwi (même si l’on retiendra surtout que ça reste de l’alcool a 40° qui retourne le bide , essentiellement) , mais bar ayant l’incroyable défaut de fermer a 1h30 un samedi soir (J’ai laissé échappé un « c’est une blague ?» qui me fait penser , au souvenir de la tête du videur , qu’il me faudra changer de tête la prochaine fois que je songerais a m’aventurer dans ce quartier) , nous recherchions logiquement un bar ou picoler ne serait pas nécessairement synonyme d’appel furibond du banquier lundi matin au réveil .
Je suis dur avec ma banquière , c’est en fait une demoiselle adorablement charmante . … Et je ne dis pas ça parce qu’elle a l’adresse de mon blog , si si .
C’est ainsi que nous nous retrouvions a la Soule , un bar très festif et méconnu pour d’obscures raisons , a moins que l’on admette , évidemment , valable la raison que le toulousain noctambule est reverbatif a toute musique de féria criante un samedi soir de Décembre .
Les gens sont si difficiles …
Je dois soumettre a votre attention le fait que ce bar propose quelque chose d’assez inhabituel selon moi , une sorte de « menu » permettant pour une somme modique de se réapproprier les diverses saveurs que ne manqueront pas d’évoquer la quinzaine de verres de whisky , bières , manzana ou autres saloperies lorsqu’elles traverseront votre gosier .
Ca ne s’invente pas : ils ont appelé cette horreur « la route de la soif » .
Nous ressortions des lors et évidement de l’antre légèrementt éméchés , ce qui a mes yeux justifie que nous avions au passage eu le temps de pourrir a la table voisine l’enterrement de vie de jeune fille d’une pauvre presque trentenaire en écrivant -il est vrai a sa masochiste demande- sur sa blouse que « nous souhaitions bon courage a son mari » , « bientôt la culotte de cheval » ou encore le très charmant « dans un an cocue » .
Il lui reste toutefois encore 5 jours pour changer d’avis , des fois que l’idée du mariage lui soit soudainement devenu désagréable .
Il nous importait dès lors de sacrifier a un rituel sacré , une sorte de coutume qui s’est imposée entre les différents mâles toulousains ayant eu le plaisir de passer quelques années dans le pénitencier haute sécurité , pardon , le lycée Pierre de Fermat dès le jour ou ils ont eu la délivrance de voir leur nom affiché sur un papier annoté de la mention « admis au Bac » .
Petit Fermatiens : ne vous appuyez JAMAIS contre le portail . Vert .
La soirée se poursuivit ensuite a « la couleur de la culotte » , un repaire de kékés dans lequel je parvenais , il est vrai aidé par un taux d’alcool hors des limites du raisonnable , a rentrer sans grommeler de façon trop voyante , ce qui n’était pas une mince affaire , et surtout a ne pas trop mimer (souvent) le geste de décapsuler une grenade a fragmentations et nitroglycérine concentrée .
Pour ceux qui débarqueraient , je n’aime pas tellement les kékés .
Un petit whisky coca de rien du tout , et le Nico fut définitivement allumé , au point qu’il ne se souvient absolument pas du chemin du retour , et encore moins comment il a pu maladroitement renverser un demi litre de crème fraîche dans l’entrée de l’appartement , sous les regards médusés de Clément et Antoine , ses pauvres collocs .
Le coca de trop , probablement .