J’ai toujours été un impulsif . Sans doute la raison pour laquelle je ne suis pas (toujours) quelqu’un de réfléchi …
Etant devenu depuis quelques mois totalement fan de Barcelone , cette destination est devenu le lieu ou j’arrive a peu près et vaguement a être paisible , oubliant l’espace de quelques tapas pour touristes naïfs les désagréments du quotidien (perte de ma carte grise , travail saoulant au possible , froid antarctical) avec plus de bonheur qu’un pot de nutella vendu avec 50% offerts chez Carrefour .
La barre était haute , c’est dire .
C’est la raison pour laquelle il m’arrive , sitôt que j’ai un moment de libre dans mon emploi du temps sarkozien , d’empoigner dans un élan d’enthousiasme l’indispensable , soit mon portefeuille / une paire de chaussettes propres / les clés de la voiture (trouvez l’intrus) , et de foncer , au grand dam de mes parents tourmentés , vers cette si chaleureuse destination .
Qu’il soit 3h du matin ne serait pas , vous vous en douterez , un argument susceptible de modérer mon coup de sang nicolien (ou irréfléchi , c’est tout comme) .
(…)
Le Nico étant contraint par ces temps de disette de faire des économies substantielles , j’avais choisi de prendre l’itinéraire me faisant passer par les Pyrénées , ce qui avait en théorie l’avantage de me faire faire l’économie de l’autoroute , trop douloureuse pour mon portefeuille déjà agonisant après mon passage par la pompe .
L’économie substantielle étant bien évidemment très relative dès lors que le péage du tunnel de Puylaurens engouffrait pour 5 petits kilomètres oppressant la somme que j’aurais payé pour les 350 que coûte l’autre itinéraire par autoroute .
J’en étais encore a réfléchir sur la manière la plus opportune de faire savoir mon mécontentement a mappy (« Vous n’êtes que des nuls ! Des incapables ! Des bouffons ! Des pales types ! Des … ! ») , lorsque j’arrivais a Puigcerdá , charmante petite commune de 15 habitants dont 13 lapins , ville frontière marquant l’entrée dans ce doux pays que l’on nomme Catalogne .
Ne vous aventurez jamais a dire que Barcelone est en Espagne a un Catalan . Vous le regretteriez au moins autant que si vous aviez annoncé a un Corse indépendantiste (quoi pléonasme ?) que son île n’est qu’un vulgaire département Français …
Et votre assureur aussi , très accessoirement .
Bref , il était quelque chose comme 4h30 du matin , et je pensais avoir fait le plus dur en ayant quitté sans encombre les routes françaises , qui je dois le dire me donnent de violentes sueurs froides a l’approche de chaque radar (« la vitesse limite ? Au secours , qu’elle est-elle sur cette route ? ») , d’où ma joie de me retrouver en territoire non hostile , ou presque .
Ces quelques minutes de bonheur durèrent en effet jusqu'à ce que je tombe nez a nez avec un étonnant panneau déviation , si joliment posé en plein milieu de ma crétine de route .
Pestant contre cette perte de temps qui annulait le gain de celui que je pensais avoir fait en grillant une quantité d’essence aberrante , en doublant en 3ème dans des montées angoissantes des automobilistes de toute évidence placés la pour me nuire , je prenais donc l’itinéraire que l’on m’imposait .
Et après avoir roulé 20 minutes dans un dédale de routes de campagne effroyables (« mon dieu , des vaches ! ») , je me retrouvais a nouveau nez a nez avec le panneau de déviation qui avait déjà causé ma contrariété dubitative , 20 minutes et 10 secondes plus tôt .
Cette contrariété n’allant pas en s’améliorant , des lors (« mais non de dieu de sa mère de la vache ça me saoule , qu’est ce que je fous dans ce bordel ??? ») …
Dans un moment d’humilité aussi rare chez moi que l’absence de fautes d’orthographe dans un rapport signé Xavière Tiberi , j’en venais a la conclusion que je n’avais pas du scrupuleusement suivre les panneaux de déviation , que ce n’était que mon étourderie qui était en cause , et ah ah , j’allais vite fait oublier cette petite étourderie .
C’est ainsi que je reperdais 25 minutes (j’avais roulé moins vite pour bien suivre les panneaux …) pour me retrouver a nouveau a mon point de départ .
… 25 minutes auxquelles se rajoutèrent logiquement 5 bonnes minutes d’un long et intense monologue amère sur ma dure et pitoyable existence , qui heureusement ne réveilla pas les lapins , les vitres de ma voiture insonorisant tant bien que mal mes hurlements hystériques .
(…)
C’est une des voitures qui m’avait coûté un quart de réservoir a la seconde une heure plus tôt qui me permit , non sans s’être amusé de mes déboires , de sortir de cet enfer rural , m’offrant de la suivre calmement , ce que je ne pouvais que faire malgré la vitesse grotesque que m’imposa le conducteur de devant , sans doute amusé d’achever mes nerfs .
De La Fontaine , je t’ai compris .