Je ne me sers jamais de ma carte d’identité , sombre raclure . Cela fait des mois qu’une araignée tisse des liens dans mon portefeuille avec ma carte d’identité plus solides que ceux qui unissaient mon vélo a la barrière ou il m’a été une nouvelle fois fauché , et toi , minable employée a la noix , tu viens me réclamer ma carte d’identité le lendemain du jour ou j’ai du l’abandonner pour mystifier une idiote de ton acabit qui me saoulait lors des inscriptions a la fac .
Il y’a des claques qui se perdent .
(…)
Sitôt m’étais je délesté de ma carte d’identité , encore tout content a l’idée de voir enfin disparaître ma tête de jeunot , ma signature juvénile et la mention légèrement exagérée d’une taille de 1m76 (je compte tenter les 1m78 sur ma prochaine , je n’aurais plus qu’a me déplacer en talons) , que l’ironie du sort faisait que l’on me demandait ma carte d’identité de toute part , a croire que plus personne d’un coup ne savait qui j’étais .
Pour un peu , j’aurais moi même eut un doute .
" Mais Nico , tu n’y penses pas , tu en as besoin pour passer la frontière !
- Ne t’inquiètes pas Dad , reste toujours le permis pour prouver mon identité " dit le Nico , omettant d’avouer qu’il a perdu son permis depuis déjà 3 petites années (sur 3 de conduite , ok .)
Et ca a été comme ca pendant une insupportablement démoniaque semaine . Mes colocataires et moi nous escrimions a monter une pile de papiers pour la colloc plus imposante une fois ficelée que le recueil des pages jaunes des 10 dernières années sur la région Midi Pyrénées (j’ai hésité a dire de France , j’aurais encore une fois été accusé d’exagérer) ?
" Ah , par contre monsieur , il vous manque la photocopie de votre carte d’identité . "
… Peau de vache d’agente immobilière , ne recroises jamais ma route , toi et ta mine souffreteuse , tes airs de pimbêche embourgeoisée et ta mine hautaine , pas assez toutefois pour ne pas oublier de nous prendre 1000 euros de frais d’agence . Je te hais , sombre connasse .
Le dossier Locapass , vous connaissez ? Un truc super pratique , qui permet aux étudiants atrocement fauchés ayant des difficultés de trésorerie passagères de ne pas avoir a débourser 2 mois de caution de leur poche mais de les rembourser gentiment au prix d’un café par jour a un gentil organisme d’Etat , comme les ordis (je fais leur promo , mon dossier n’a pas encore été accepté) .
Ce fichu dossier a traîné pendant 1 mois sur mon bureau , sous mon nez , bien en évidence . C’est donc et bien évidemment le jour ou j’ai abandonné ma carte d’identité qu’il m’a semblé utile d’ouvrir le dit dossier pour me rendre compte qu’entre autre des petits papiers divers qu’on me demande (la routine : carte vitale , attestation de vaccins , casier judiciaire , carte de l’ump -truquée , évidemment- , relevé de compte monégasque …) , on me demandait cette saloperie de carte d’identité .
Commencent a me saouler , tous .
Histoire de ne pas faire long , je passerais sous silence l’anecdote relative a l’ouverture du compte commun pour l’appartement (" Monsieur Poirier , il manque juste … ") , l’anecdote relative aux 20 km que j’ai parcouru pour aller au garage de Quint Fonsegrives m’entendre dire " désolé , mais pour refaire les clés d’une voiture , il me faut votre … " , et l’anecdote toute aussi accessoire de la constitution d’un dossier APL .
J’aurais peur de devenir répétitif . Et oui , j’ai aussi perdu les clés de ma voiture . Et alors ?
(…)
Un Lundi matin , a Arsenal .
Le Nico a sa mine des mauvais jours . Il faut dire qu’il avait vu dans la validation quasi totale de son premier semestre le bonheur de ne pas avoir a s’immerger de suite dans le " Kéké no man’s land " , et c’était consolé a cette idée de ne pas avoir validé totalement le dit semestre .
Le fait de devoir mettre les pieds dans cette fac me devenant quasi aussi insupportable que de rentrer dans les toilettes publiques de la place St Pierre . Les Toulousains me comprendront .
J’attaquais un premier bureau , le visage dur et les traits marqués , ayant bien dans l’espoir qu’une mine intimidante saurait amener a la raison l’administration , et qu’elle me rendrait ma carte d’identité sans opposer une résistance démesurée .
C’était peut être faire preuve d’une certaine crédulité .
C’est après 3h de déambulations de bureau en bureau , couloirs en couloirs que j’ai réussi a mettre la main sur ma carte d’identité . J’ai été étonné de ne pas y trouver dessus un post-it d’insulte de l’employée des inscriptions pour le coup de vache que je lui avais fait .
… En fait , le post it n’était pas nécessaire : j’ai compris lorsque j’ai reçu un courrier interrogateur de la fac me demandant pourquoi une fiche de mon inscription manquait au dossier que la vengeance féminine était toujours aussi subtile .
Garce .
Epilogue :
" Bonjour , je vous ai enfin rapporté mon dossier Locapass …
- bien !
(un ange passe)
Ah , par contre vous avez oublié la copie du bail …
- Gnnnn … "