5 juillet 2008
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>>> 5 Juillet 2008 - Mon grand père est décédé ce matin.
J'ai donc exhibé cet article vieux d'un peu plus d'un an et qui décrit sans doute le mieux ce dont je me souviendrais de lui.
Sérieusement , disons le : Sempé et Goscinny ont bâclé leur boulot en oubliant un personnage comme celui-là .
Le grand père du Petit Nicolas , c’est un type dont j’aurais bien aimé hériter au moins l’une de ces qualités : il n’a pas besoin d’avoir la pilosité de King Kong -mais en plus drue- pour faire viril .
Je suis indéniablement jaloux , donc .
Comme dans toutes les familles , il a été affublé de « pseudos » au gré des humeurs de ses petits enfants , qui dans leur jeune age n’avaient pas peur de le contrarier avec des sobriquets aussi insolites que Yaya , Tralala (sans doute le plus osé, il n’est vraiment pas du genre à faire tralala) ou encore Palais , quoique ce dernier -émanant de moi- soit un dérivatif gentillet du premier , beaucoup moins cool et franchement péjoratif dont je l’avais affublé .
D’autant que vu son crâne chauve , l’appeler Balais était particulièrement malvenu .
Palais ? Il a terrorisé tout ceux qui l’ont connu . Né à l’école de « je frappe d’abord , on réfléchira après » , ses histoires de poursuite dans les jardins de la petite maison de campagne de mon père , qui avait eut la maladresse de rouler avec la tondeuse sur le câble d’alimentation de la dite tondeuse , me font doucement sourire , encore aujourd’hui .
L’histoire de la fois ou , rêveur (com d’hab) , je lui étais rentré dedans alors que nous étions à vélo , et qu’il n’avait que modérément apprécié que je lui fausse sa roue de ce fait , me faisant elle beaucoup moins sourire .
Bien qu’elle soit devenue une légende urbaine au sein de ma famille , évidemment .
Lorsque j’étais un petit gamin en culottes courtes , et déjà passionné d’histoire , j’aimais à accompagner Palais (pas à vélo) dans de longues ballades , ou il me racontait sur une voix à faire passer celle de Jean Reno pour une de Soprano sa vision de l’histoire , qui , quoique singulièrement viciée par le fait qu’il voue une passion pour le communisme qui me laisse particulièrement critique (voir narquois) , me donnait envie d’en savoir toujours un peu plus , ce qui revenait tout simplement à rallonger notre ballade de 5 à 6 km , au bas mot .
Sans doute la raison pour laquelle je refais l’histoire dans ma tête lorsque je déambule seul dans les rues de Toulouse .
Et la raison pour laquelle j’ai un air hébété lorsque l’on m’accoste sans prévenir en pleine rue . Si , si .
La dernière fois que je l’ai vu , je me suis dit au vu de son air diminué et de sa fatigue visible que c’était probablement la dernière fois que je le voyais , les ressources semblant de toute évidence lui manquer …
(…)
« Tiens au fait , tu ne connais pas la dernière de ton grand père ? » , me demanda mon père alors que je tentais de ne pas totalement renverser le contenu de ma tasse de café sur ma chemise .
« Les médecins lui ont pronostiqué un truc à la tête , quand même pas anodin . Emmanuel l’a fait accepter rapidement à un hôpital réputé auquel il n’aurait pas eut droit , bref . La nuit précédent l’opération , Palais a décidé qu’il ne voulait plus rester, et à 2h du mat , il se rhabille , commence à partir , se fait arrêter par l’infirmière hallucinée par l’énergumène . Il aura fallu 3 infirmiers pour qu’il soit maîtrisé , et attaché a son lit . L’opération a été annulée , et l’infirmier à qui il a cassé le doigt ne devrait à priori pas porter plainte … »
Chouette . Je vais pouvoir me balader avec mon grand père dimanche , moi .