Depuis que je suis petit, et il s’agit là d’une indication temporelle et ne portant absolument pas sur ma taille alors hein, j’ai une assez coupable tendance à vouloir sympathiser avec la terre entière, ce qui est d’autant plus contestable que la terre entière se fiche le plus souvent éperdument du monde de mes désespérantes velléités affectives.
Sans parler du fait que cet aspect de ma personnalité a du nettement contribué à inciter brune de m’affliger l’épouvantable sobriquet de « nounours ».
« Gros nounours » d’ailleurs à l’origine, mais après que j’ai viré au violet, il valait mieux pour elle exclure très vite de son vocabulaire cet adjectif hautement douteux.
Je ne suis pas gros, j’ai une colonne vertébrale en forme de C. Nuance.
Ainsi, j’ai passé un certain temps à tenter de rechercher l’affection des autres, sinon leur amitié, considérant le plus souvent à tords et à travers (je ne parle plus de ma colonne vertébrale, faut suivre un peu !) que celle-ci était acquise lorsque je n’avais suscité en tout et pour tout rien d’autre qu’un dédain pas toujours aussi grandiloquent que celui affiché par l’armée Américaine envers une armée grotesque qui proposerait son soutien pour l’une ou l’autre opération conjointe.
L’armée Française ? Par exemple.
… J’avais rigolé avec 3 andouilles à un TD d’Anglais où je n’avais pas manqué de démontrer sinon un accent à faire hurler de rire un Texan bègue, un certain talent à réaliser une vidéo grotesque pour illustrer un exposé qui ne l’était pas moins ?
Copains ! Vous êtes mes amis, et tant pis si j’ai cette vague impression de vous avoir appelé une demi centaine de fois en vain pour vous proposer de prendre un verre.
… Il est venu me parler que 2 fois dans l’année en amphi, systématiquement à la veille de la fin du semestre et pour me demander les cours que je tapais à l’ordinateur, du moins avant que celui-ci ne s’éteigne au bout de 1H15 de cours en raison d’une batterie consternante qui faisait mon désespoir et la joie des personnes derrière moi lorsque je me tapais le crane contre l’écran désespérément noir au moment où la prof venait de dire « surtout notez bien ceci : … » ?
Ca, c’est un pote !
Et s’il ne me reconnait pas durant le second semestre (enfin jusqu’à la fin de celui-ci, s’entend), cela ne peut qu’être du à l’obscurité provoquée par l’accumulation de fumées de cigarettes dans les couloirs vitrés de la fac.
Et tant pis si la cigarette a été bannie depuis déjà 2 ans : il ne s’en est pas aperçu, c’est tout.
Ne critiquez donc pas bêtement mes amis.
… Tu vois Romain, tu n’as rien raté à la fac.
Fin de la parenthèse personnelle.
(…)
Hier soir.
« Mais vas y Brune ! Elle t’a parlé en souriant toute la soirée, tu peux probablement t’en faire une amie ! »
Le Nico blasé de ces expériences douloureuses pousse dorénavant lâchement sa mie à commettre les erreurs qu’il aurait fait lui-même, en temps normal.
C'est-à-dire quand il était seul et qu’il n’y avait personne pour lui dire qu’on se foutait allègrement de sa poi… pomme.
« Cela ne vas pas ? Elle est sympa mais ce n’est pas parce qu’on parle un peu qu’on devient amies ! Et puis je vais passer pour une crevarde si je lui demande son tel ! »
Brune ne partage de toute évidence pas ma conception toute Nicolienne de « Copains ! ».
Il fallait agir. Fourbement, mais agir.
« Sinon dis moi, tu as bien dit que tu allais rendre ton appartement ? », s’enquit alors le Nico sur un ton repoussant les lois de la faux-cul attitude.
« Euh, oui ? », répondit la future amie de Brune, puisque je l’avais décidé ah mais.
« Si je peux te donner un conseil, ne paye pas ton dernier mois de loyer, la loi autorise les agences à ne pas te rendre ta caution avant 2 mois suivant l’état des lieux et elles ne s’en privent pas. Si tu veux, tiens … donne ton mail à brune, je lui préparerais un doc qui te permettra de récupérer ta caution sans histoire … »
(…)
Dans la voiture, sur le chemin du retour.
« Tu l’as fait exprès !
- Mmm ? Quoi ?
- Nico, je te l’ai dit, ce n’est pas parce que l’on récupère un mail que l’on se fait une amie ! »
Ah Ah.
Naïve de brune, va.