Michael Bolton - When a Man Loves a Woman
Samedi matin .
Pour un certain nombre de personnes , il apparaîtrait plus logique après un concert des Red Hot Chili Peppers , après 4 h de sommeil et 5 h dans un TGV anémique (non mais sérieusement , Louis XVI aurait dédaigné de le prendre pour sa fameuse fuite à Varennes) de rentrer chez soi prendre la douche qui a fait défaut ces (quelques) derniers jours .
C’est bien evidemment la raison pour laquelle j’ai pris 10 minutes à peine après mon arrivée à Toulouse le seul train qui arrive , sans forcer , à être plus lent que le tapis roulant de la station Montparnasse .
Histoire d’égayer les 2h30 de train qui me séparaient de Mazamet , cette ville qui n’évoque pas forcément l’antiquité Grecque mais en plus rétro , j’avais jugé utile de ne pas acheter de billet .
Résultat garanti : j’ai passé dès lors 2h29 à me provoquer des crises cardiaques à chaque sortie du controleur de la cabine du pilote , c’est à dire à chaque fois que le train s’arretait dans des gares à faire passer celle de Canfranc
Pourquoi 2h29 ? Parce que c’est bien évidemment lorsque le train ralentissait pour rentrer en gare de Mazamet que ce crétin de controleur a jugé utile de sortir sa poinçonneuse .
J’te l’aurais transformé en poinçonné des Lilas , celui la !
(…)
A priori , mon arrivée tardive avait au moins un avantage , loin d’être négligeable : j’évitais avec soulagement d’avoir à affronter une cérémonie religieuse dont la simple évocation me donnait des crampes à la machoire .
C’est bien simple : approchez moi d’une Eglise et je hurle plus spectaculairement que Damien , de La Malédiction
Sauf que . Excusez moi de le dire , mais un mariage , contrairement aux idées recues , c’est aussi chiant qu’un discours de politique générale prononcé par un bègue narcoleptique .
Entre la mariée probablement trop imbibée de niaiseries Américaines , persuadée que la raison d'être de cette journée est d'avoir enfin LE prétexte idéal pour humilier ses amies en les habillant le plus grotesquement possible , et le rassemblement de vieux croulants à faire passer la « nuit des morts vivants » pour une aimable comédie sentimentale , il était difficile de réprimer l’envie de fuir loin , très loin de là .
Comme par exemple dans un bureau du juge des divorces .
Ceci étant , et je vais emprunter la plume "eau de rose" mais que personne m’en veuille ah mais , Brune était délicieusement ravissante , aussi paradoxal que cela puisse être , affublée de sa robe vert pomme pas mûre exigée par la mariée .
Benoit et Matt : n’y songez même pas , hors de question que je sois en vert pomme pas mûre à votre mariage .
Fin de la parenthèse .
Aussi , et dès lors que je voyais Brune , je dois bien concéder que j’étais pris de violentes pulsions que la morale réprouverait en dehors du cadre sacro saint du mariage . Pour parler clairement , j’aurais bien fait un sort à la demoiselle d’honneur , chose facilitée par le fait qu’il s’agisse de ma brune .
Et après tout , quoique je joue sur les mots , je restais dans le cadre d’un mariage , non ?
C’est ainsi que le sourire lubrique aux lèvres et le jean devenu trop étroit , je m’éloignais avec Brune des festivités franchement aussi discrêtement qu’un Eric Besson du parti socialiste .
Ce qui était oublier un peu vite que la campagne n’est pas pour rien ma bête noire . Entre le paysan à l’air pas barroque en vadrouille , les jeunots aux boutons plus mûrs que le vert de la couleur de la robe de Brune , jusqu’aux bêtes vaches hautement déstabilisantes à vous fixer de leurs yeux glaubuleux , il faudrait s’appeler Nico pour conserver une once de libido .
Ce qui n’était pas le cas de Brune , dont acte .
Argh quand même , ceci étant .
Le Nico allait tenter une nouvelle approche quelque peu subtile , plus tard dans la soirée . Après avoir vérifié que les convives s’imbibaient sérieusement d’alcool , j’entrainais Brune dans une chambre à priori déserte (le souvenir de Hugh Grant attéré par les rugissements des mariés en plein coït restant bien présent en tête) , et tentait d’exciter la belle quelque peu refroidie par la proximité assez certaine de ses amies d’enfance .
C’est fou comme les gens ont des principes étonnants .
« Mais non , personne ne nous a vus , et puis , ce serait un comble que quelqu’un rentre dans la piè… »
La lumière venait de s’allumer , une amie de Brune faisant fort à propos une irruption fracassante dans la pièce .
« … et donc je disais que oui je pense que le mieux est de rentrer demain à 11h , qu’en penses tu Brune ? » , récitais-je avec une voix plus fausse que celle que j’utilisais quand mon père me demandait si le bulletin de notes était arrivé .
Damned . Encore raté .
(…)
Encore plus tard dans la soirée .
J’ai entrainé Brune à nouveau dans la fameuse chambre , tout en ayant vérifié cette fois qu’elle n’ait pas jeté des petits cailloux derrière elle , des fois qu’elle ait abusé des lectures de contes de Perrault .
Faut vraiment s’appeler Nico pour lier une histoire de cul aux contes de Perrault .
La chambre est aussi romantique que la déchetterie en bordure des charmantes allées du Mirail . Les bruits des convives qui festoient abominablement tout en buvant de la sangria dont la simple vue donne des hauts le cœur , sont aussi érotiques qu’un tableau noir sur lequel on prendrait plaisir à faire crisser une craie .
Mais j’ai envie d’elle . Ses cheveux relevés , son absence de soutien gorge et ses adorables petites fesses mises en valeur par une robe un poil trop serrée -mais verte- décuplent l’attraction terrestre au point que les habits tombent à terre plus vite que la navette Columbia le 1er Février 2003 .
Sans doute parce que j’ai du me faire dans la tête ce rapprochement que j’ai eu droit à la même désintégration .
Encore une fois sous la forme de l’amie de Brune , rentrée une nouvelle fois inopément dans la pièce …
Je hais la campagne .
Je hais les mariages .