21 avril 2007
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Comme cela a pu transparaître dans mes derniers écrits avec plus de visibilité qu’une explosion d’usine chimique a quelques kilomètres d’un centre ville , cela fait quelques temps que je suis perturbé par un nouveau registre de questions existentielles, qui , si elles ne sont pas aussi tordues que celles que j’avais il y’a encore peu (« Comment vais-je traverser une grille de 3 mètres de haut avec mon vélo ? ») , n’en sont pas moins insoutenables .
« Comment ais je pu passer d’une cuisine au beurre , à l’huile et la crème fraîche 100% matière grasse à une cuisine raffinée et peu calorique ? » , croyez le , ça me perturbe .
Ce qui est insupportable lorsque l’on est en couple , du moins lorsque l’on s’appelle Nico et que d’une certaine manière , l’on a appris à s’attacher à ses gaffes quotidiennes , c’est que justement , les dites gaffes , par un phénomène aussi inexpliqué qu’angoissant , s’amenuisent , devenant aussi rares qu’une idée intéressante , originale et non démagogique dans un programme de candidat à la présidentielle .
C’est dire à quel point je deviens un type banal .
(…)
Il y’a un an de cela , j’avais arrêté mon blog , que je jugeais décidément trop néfaste pour mes vains et futiles espoirs de conquêtes féminines , ce qui était un constat pas nécessairement idiot , quoique la conclusion que j’aurais pu tirer aurait plus logiquement du être « arrêter de donner l’adresse de mon blog a celle que je veux séduire » plutôt que « dégommer mon blog » .
Le Nico est excessif , c’est bien connu .
Peu réfléchi ? Aussi , oui .
Sauf que . Un beau soir de Mai , je m’étais retrouvé infortunément face à celui qui est mon poison violent , mon tortionnaire, celui dont la simple présence a toujours suffit à me rendre aussi empoté et pathétique qu’une blonde tentant d’échapper à un tueur sadique dans un teen movie américain .
Et fort logiquement donc , après cette soirée passée en compagnie de Thomas , j’avais trouvé tellement matière à déblatérer dans mon blog que j’avais repris mes navrantes élucubrations en moins de temps qu’il n’en faut à un boulimique pour vomir son quart de pomme journalier .
Pas de jugement hâtif les aminches !
… Les pommes , c’est carrément indigeste .
Vous comprendrez des lors que hier soir , et après une dizaine de jours à avoir boudé mon blog , je n’avais d’autre choix que d’accepter d’aller voir mon bourreau pour enfin , me reprendre en main , et retrouver la hargne qui me faisait défaut pour reprendre la direction de mon clavier .
Bon dieu , j’en viens à comparer Thomas à ce bon vieux général Massu , qui avait en son temps su trouver les mots juste pour remonter De Gaulle lorsque avait éclaté cette bonne vieille kermesse dite de Mai 68 …
Il est vrai que Massu n’est pas réputé pour avoir été particulièrement aussi tendre que ce niais de bibi phoque , lors de ses menues « activités » Algériennes .
(…)
Hier soir , donc .
Thomas organisait une crémaillère , ce qui promettait d’être l’occasion en or pour moi de trouver un moyen à bon compte de me rendre ridicule , devant une assemblée de témoins prête au moindre signal à se gausser bruyamment sur l’être insupportablement tragique que je suis .
Ca partait bien , je dois dire . Avec l’art et la manière , je devenais très rapidement le lourd qui parle de politique et gesticule sur le balcon , quelques bonne âmes s’épuisant à tour de rôle auprès de moi à m’entendre rabâcher des futilités dont dans le fond , tout le monde se fout , à commencer par votre humble serviteur .
Le fait que j’ai aucune pièce d’identité , suite à la désopilante perte de mon portefeuille , pour voter demain y étant peut être pour quelque chose .
Hélas . C’était sans compter sur Thomas , ce fourbe . Sans doute jaloux de l’insolente réussite que j’affichais à me rendre ridicule , celui-ci reprit les choses en main , posant devant l’assemblée médusée avec ce qu’il convient de nommer une « bite en plastique » colée au front , tout en tenant de façon on ne peut plus sommaire une poupée gonflable aussi excitante que , et par exemple , Arlette Laguiller en tenue de soubrette .
Bon dieu , je viens d’imaginer Arlette Laguiller en soubrette .
Brrrr .
Je reprenais le flambeau du pathétique en chef en faisant accidentellement tomber ma cigarette allumée , qui commença à consumer mon jean au moins une dizaine de secondes avant que la douleur , devenue insupportable , n’éveille mes soupçons? Thomas me mettait échec et mat en virant tout le monde de sa crémaillère au prétexte franchement déconcertant que , je cite car vous pourriez ne pas me croire , « ses voisins se plaignaient du bruit » .
Je me relis , je suis encore incrédule .
Thomas . L’homme qui m’a volé , usurpé , dépouillé de ma réputation de meneur , d’organisateur de soirées , d’homme «indispensable» (si si !) dans mon groupe d’amis , me repoussant au rôle de sinistre bouffon en chef , Thomas , est devenu un colloc , raisonnable et monstrueusement sobre , effrayé par les cris d’une mégère hurlant sur son balcon «c’est pas bientôt fini ce bruit» , quand ma réaction serait encore aujourd’hui de répondre à cette sinistre dinde « Et alors ! Ton célibat ou ton chat, ta vie pathétique dans un immeuble de seconde zone et ta solitude monstrueuse ne t’empêchent pas déjà de dormir? Ca me semblerait plus cohérent , époustouflante connasse ! » .
Thomas , le Thomas , mon tortionnaire , mon Massu , Thomas est un étudiant fini .
Moi pas .
Et c’est fou ce que j’ai de nouveau envie d’écrire , tiens .