21 avril 2007
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« C’est bizarre , les tapettes à souris sont toujours refermées le matin , mais on a toujours pas réussi à piéger notre petite amie à moustache … »
(…)
Loin de parler d’une charmante demoiselle n’ayant pas entendu parler de la théorie de l’évolution si chère à Darwin , mes collocs faisaient allusion à une charmante souris , qui sut mettre en émoi Clément lorsqu’elle traversa sa chambre , un soir de pleine lune .
Inutile de dire que les tapettes sortirent des tiroirs plus vite qu’un Jack Lang s’exhibant sur un char en pleine Gay Pride .
Pas taper , je n’ai rien contre les homos , comme peuvent en témoigner les trop nombreux amis me rappelant très cruellement la soirée ou en pleine nuit , j’avais en dormant enroulé ma jambe autour de la taille d’un pote rugbyman .
Je regardais sans sourciller Clément et Antoine , un sourire sadique épousant leur visage au moment ou ils posaient machiavéliquement un morceau de Leerdammer sur l’ignoble piège qu’ils destinaient à notre invitée rase moquettes .
Une petite larme tenta de resta planquée dans un coin de mon œil .
(…)
Lorsque j’étais petit , au sens jeune et non pas au sens « moins d’un mètre 73,5555 » , mes parents eurent l’inconscience de m’offrir une adorable petite peluche , dont l’apparence , bien qu’elle soit affublée d’un tablier ce qui ne contribua en rien à ne pas faire de moi un macho mais la n’est pas le sujet , évoquait très vaguement celle d’une souris .
Cette peluche , j’en ai des souvenirs émus . Par exemple , elle m’évoque la première fois de ma vie ou j’ai vu une paire de fesses de filles . Je devais avoir 7 ans , j’étais en colonie au ski , et probablement parce que cette vision m’avait troublé (« mon dieu , on dirait un camembert blanc ! ») , j’avais égaré ma souris en peluche , ce qui me provoqua une crise de larmes monstrueuses quand je devais me résoudre à partir sans l’avoir retrouvée .
Je perdais déjà tout à l’époque .
Au fil des années , j’allais d’ailleurs perdre un nombre considérable de fois ma souris , mes parents devant soit très régulièrement rebrousser chemin en catastrophe pour retourner à l’hôtel ou nous avions dormis , le fait que nous ayons déjà fait 200 kilomètres n’y changeant rien , soit , au-delà d’une distance raisonnable , appeler l’hôtel qui me l’envoyait alors par colis postal , mes cris de douleur ne cessant toutefois pas avant que ma chère souris ne dorme enfin à nouveau avec moi .
S’aventurer à dire que je suis destiné à passer ma vie à dormir avec des souris serait particulièrement déplacé de votre part .
Des fois , l’ignoble se produisait . La souris disparaissait sans laisser d’adresse , et au bout de 48h de douleurs diverses et variées pour moi et les oreilles de mes infortunés parents , ces derniers prenaient la direction du magasin qui la vendait , et me ramenaient à la maison un nouvel exemplaire de la peluche , inventant une touchante histoire de fugue de ma créature .
Faites moi penser à un jour vous raconter l’histoire de l’oisillon qu’on avait recueilli , et qui un jour ou j’étais absent , avait été réclamé par ses parents pigeons venus le chercher .
J’ai enfin compris ce qui avait réellement du arriver à l’oisillon , il y’a 1 an seulement .
Fin du énième hors sujet .
Un jour , l’abominable se produisit . Après une nouvelle perte de ma peluche , ce qui m’amène au passage à penser que j’étais quand même prédestiné à perdre ma carte bleue 6 fois par an et en moyenne , le magasin qui la vendait était en rupture de stock , stocks que le chéquier de mes parents avait du probablement faire fondre comme neige au four à micro ondes .
Je viens de comprendre l’origine des ennuis financiers de mes parents à l’époque .
Zut , encore un hors sujet .
Rien . Rien , aucune levrette , aucune fellation , aucune partie de jambes en l’air sous une douche brûlante et avec un peu de Connells 74’ 75’ en fond sonore , rien ne me laissera jamais un souvenir plus impérissable que cette journée de Novembre 94 , ou alors que nos cartons étaient à peine arrivés à Toulouse , et nous avec , je trouvais en vitrine d’un magasin de peluche près de la place St Georges ma chose , mon enfance , ma créature , ma Nini .
Nota Bene : Je ne dis pas non à la douche brûlante , toutefois .
(…)
Clément et Antoine dorment du sommeil des justes , ou presque .
Je me sirote doucement un petit lait chaud dans la cuisine , tout en pensant à cette enfance , jeunesse qui finalement me manque tant , moi qui petit n’attendait qu’une chose , avoir enfin un jour « ma » carte bleue , et ne dépendre de personne pour gérer ma vie .
Je suis tellement déçu .
C’est pas si chouette , la carte bleue .
Il est tard . Demain , une nouvelle journée à la con m’attend , et je sais que les chieurs , raseurs , et autres mesquineries de la vie quotidienne tenteront en vain de venir à bout de mes dernières réticences à passer à l’age adulte .
Je pose mon verre dans le lave vaisselle , comme un grand . Je range le lait , évitant par anticipation de m’attirer le courroux de mon colloc . Terrible effort , donc .
J’éteins la lumière de la cuisine .
Non sans avoir donné un grand coup de pied dans le piège à souris , afin de laisser à ma petite amie moustachue une nuit de répit de plus . Comme la veille , d’ailleurs …