Bienvenue sur le blog du Petit Nicolas mais en Plus Grand ! Ce blog présente les navrantes aventures d'un ex étudiant en droit gaffeur et étourdi, sous la forme de petites histoires tirées de la vie réelle et tournées monstrueusement en auto-dérision. Depuis Juin 2011, le blog traite de mes nouvelles aventures au Canada et de mon installation à Montréal. Il n'est pas nécessaire d'avoir lu les anciens posts pour comprendre les nouveaux, ceci étant, et si c'était par la fin du blog que tout commençait ? Alors pour reprendre depuis le début : 31 Octobre 2005 - Halloween et moi Bonne lecture ! Nicopoi@GrandNicolas.com
De Marie-Edwige pour Nicolas.
Parfois, Nico me fait bien rire…Ca veut dire qu’il m’énerve, en fait.
« Ouaiiiiiis, chuis vieeuuuuux, pourqwwâ j’ai plus seize aaaaaaannnnns… »
Ad nauseam.
Un jour, je lui vomirai dessus pour marquer le coup, surtout s’il continue à ne stocker chez lui que de la sangria et du mauvais whiskey, à faire tourner les tripes de l’éminente barmaid que je suis.
Nicolas, le Scotch et la Stout, c’est pas fait pour les chiens. Na.
Mais l’important, ce ne sont pas les plaintes, c’est cette fascination nicoloïde, d’ailleurs répandue dans la plupart de la population, qu’être jeune, ou « djeunz », c’est bien. C’est quoi ça ? Hein ? J’vous l’demande, ma brav’ dame !
Le sujet des « jeunes » a déjà été traité, et avec beaucoup plus de talent, par Pierre Desproges. Mais ce grand chroniqueur de la haine ordinaire (ce sont ses mots), ne vivait pas dans un pays où une (dé)génération de vingtenaires se sent obsédée par l’idée de la jeunesse à tout crin, et où des personnes de vingt-cinq ans se sentent dépassées, obsolètes, « vieilles ». J’en rajoute dans les adjectifs, mais vous allez voir, c’est pas fini. Je suis de mauvaise humeur.
Bande d’imbéciles décérébrés, ce post est un coup de gueule.
Car après tout, c’est quoi, être jeune ? Pour nous, c’est le temps soi-disant béni où « tout était possible », où « l’avenir s’ouvrait à nous » avant que les premiers échecs, suivis de près par les premiers patrons, nous fassent renoncer, et pour toujours, au fantasme de ce que nous sommes et de ce qu’est notre vie. Parce que, bien sûr, si on en croit les pubs, « Impossible is nothing ».
Et tu sais ce qu’elle te dit, la marmotte ?
Vous voulez savoir, dans la vraie vie, ce qu’est le jeune qui fait marcher notre inconscient ainsi que les caisses enregistreuses ? Nous l’avons tous été, nous l’avons tous fait. Un jeune,
- C’est quelqu’un qui pense que la journée démarre par l’écoute des conneries d’un animateur radiophonique à la voix agaçante qui va, par son langage maigre à donner pitié à un Ethiopien, ses sujets et ses canulars, te démontrer qu’être con, c’est « tendance ». Au fait, tendance n’est pas un adjectif. Faut préciser, y’a des Kévin qui nous lisent.
- C’est quelqu’un qui va acheter l’album d’Evanescence et qui comprendra pas un traître mot de ce que Brassens voulait dire ;
- C’est un éjaculateur précoce, ou une fille qui croît que la fellation s’apprend dans ELLE.
- C’est quelqu’un qui ne rit pas, mais qui meugle « LOOOOOOOOOOOOOL ».
- C’est celui qui pense que se bourrer la gueule est la cause, et non la conséquence, d’une soirée réussie.*
- C’est 20ANS et FHM et pas Bukowski et Wilde.
- C’est le T-shirt « Anarchie » à 25 euro fabriqué par des mômes en Thaïlande. Au moins, vos parents punks s’habillaient en Vivienne Westwood, ignares.
- « Toi aussi, tu peux savoir quel est le prénom de ton véritable amour ! Envoie un texto au… »
…Et vous regrettez cette période ? Moi pas.
Je suis certaine qu’il y a encore des dubitatifs. J’ai une petite histoire à vous raconter.
Dans le train, je suis assise à côté d’une charmante enfant. Adorable, vraiment. La donzelle révisait son Bac de Français. Nous discutons de littérature, et de langues. Pour lui expliquer quelque chose, je choisis dans son classeur un des textes qu’elle devra présenter. C’est un extrait du roman 1984, d’Orwell, mon auteur fétiche, et c’est justement l’un des passages les plus admirables du livre : le discours de cet employé au ministère de la propagande sur la beauté de la destruction du langage. L’horreur de ses actions n’a de comparable que son exaltation à priver la populace de syntaxe complexe, de verbes, de mots, bref, de concepts autres que ceux autorisés par le régime. La satire est évidente quoiqu’effroyable. Et l’ingénue de me balancer :
« Ce serait plus pratique, quand même, si tout le monde parlait une langue simplifiée et universelle… ». Je vous l’avais bien dit, les jeunes sont des fascistes.
Il y a quelque chose que je gardais pour la fin. Etre jeune, c’est aussi le premier amour. Là, pas de doute, les souvenirs prennent à la gorge : le coup de foudre, le baiser hésitant sous la pluie, le saut du mur le soir pour se retrouver, la main dans la main, mes yeux et tes lèvres pour toujours, pour toujours, avant que la « vie » prenne le pas sur nous, et on pleure, et ça fait mal, et on se dit que jamais, jamais on ne pourra aimer quelqu’un comme ça, et le pire, c’est que c’est vrai.
Mais souvenez-vous, anciens petits cons, des raisons de la rupture :
- « Je veux faire de nouvelles expériences »
- « Je dois finir mes études d’abord »
- « Je suis trop jeune pour m’engager »
- « J’ai besoin de me découvrir »
Et vous vous êtes séparés pour CA ? Faut vraiment être jeune.
Quant à l’opposé de ce que je viens de démontrer, ce n’est pas la vieillesse, mais la maturité. On ne passe pas de la case Téquila à la case IKEA sauf si on en a envie. Alors, les vieux, cesser de lorgner les jeunes, car de toute façon avec cet état d’esprit vous finirez bien par vous choper une niaise dans votre décapotable de crise de la quarantaine. Crise de la vingtaine ! Comme s’il fallait une excuse pour se procurer de la drogue !
Marie-Edwige.
*Note aux puceaux qui savent pas picoler pendant mon service : allez dégueuler DEHORS, pas dans l’évier. Merci.