Dans un manque de compréhension inhérent au Nico , voire en l'absence totale de ce qui pourrait vaguement ressembler a un reliquat de ce qui fut , il y'a très très très longtemps , un authentique vestige de compassion humaine , j'ai toujours été remarquablement critique pour les phobies des uns et des autres , fustigeant cruellement la phobie de ma sœur de se retrouver dans le noir -et planquant discrètement sa veilleuse- , me moquant des navrantes superstitions de quelles bonnes âmes , par exemple et souvent en faisant exprès de passer sous une échelle en compagnie du superstitieux de service , juste pour le bon plaisir de traumatiser plus sûrement le dit superstitieux qu'un mélomane de musique classique contraint d'écouter yvette horner .
Sans doute faut il y voir l'origine des tuiles que je cumule , en fait .
Seulement , dans toute ma suffisance et cruauté , je dois bien avouer qu'il est peut-être dans ce domaine de la peur absurde , un point éventuel dans lequel je pourrais potentiellement me considérer comme un peu faiblot , bien que je persiste a dire que c'est normal et que les gens qui ne partagent pas ma légitime inquiétude sont des inconscients notoires .
J'ai peur des requins .
Bon dieu , j'ai une phobie .
(...)
Cela a commencé alors que je voguais tranquillement vers mes 11 ans , qui non , ne sont pas si loin que ça , et après tout je ne suis pas si malheureux d'avoir 23 ans , presque 24 , ce qui n'est pas si proche des 25 , encore moins de ces foutus 30 qui m'obnubilent , mais je m'égare . Bref , alors que nous allions partir pour Juan les Pins , mon doux papa n'eut pas d'autre bonne idée que de me mettre sous le nez "les dents de la mer" , ce qui eut pour conséquence assez immédiate de ne plus jamais me faire aimer les crocodiles gonflables qui avaient accompagnés toute mon enfance , persuadé que je serais la victime N°1 du requin paumé qui marauderait dans le coin .
Je subodorais déjà a l'époque que je sois affligé d'une malchance somme toute cruelle .
A partir de cette année là , mes étés allaient se suivre et se ressembler , a savoir que dès lors que l'on me parle de mer , océan , voir même de rivière , ou piscine privée (un massage offert a celle qui me retrouve l'article paru sur yahoo parlant d'un requin mort échoué sur une plage de la mer du Nord) , j'allais être pris de convulsions et tremblote a faire passer Valery Giscard (d'Estaing) pour un jeune premier .
J'ai jamais pu piffer les types qui payent pour usurper un nom .
Mais il me fallait ne rien avouer . Lorsque dans notre insouciante jeunesse , mes amis et moi louions des maisons au bord de la mer a des prix si prohibitifs que même Rothschild aurait du racler les fonds de tiroir pour s'aligner , il me fallut un certain temps pour leur avouer , par fierté masculine , ma petite phobie , et qui de toute façon eut été inutile , vu la vitesse a laquelle ils se rendirent compte par eux mêmes de mon léger problème ...
Faut avouer que mes yeux fiévreux , ma respiration haletante , et le fait que j'avais battu tout a coup et sans prévenir le record du monde de brasse coulée pour rejoindre le rivage était un brin suspect .
(...)
Cet été 2006 , je me suis rendu l'espace d'une furtive journée a Port Barcarès , en compagnie d'une fille que j'espérais méchamment séduire , ce qui ne rendit ma débâcle que d'autant plus frustrante .
Je l'avais appelé la veille , aux alentours de 23h et quelques , lui proposant de la cueillir a son domicile pour une dernière journée d'été , ce qui sortant de ma bouche pouvait plus que sous entendre que j'avais des idées derrière la tête , voir même bien ancrées a l'intérieur .
Voir également quelques dizaines de centimètre plus bas .
Ayant la mémoire affligeament remplie de futilités en tout genre , alors que je conduisais , des images furtives de Dr No et de l'apparition de Ursula Andress sortant de l'eau m'obsédaient , au point que la lourdeur de mes pensées eurent un impact on ne peut plus conséquent sur l'accélérateur , ne frisant pas toujours scrupuleusement les vitesses légalement concevables .
La magie du bikini .
Sauf que . Lorsque je me retrouvais nez a nez avec la méditerranée , j'eus la déplaisante impression de m'être trompé d'itinéraire , m'interrogeant douloureusement sur l'incroyable phénomène météorologique responsable de la venue de l'Océan Arctique du coté d'une petite plage sans prétentions du bassin méditerranéen .
C'était un début .
Mais . Le Nico ayant décidé de faire son possible pour séduire la brune l'accompagnant , je me plongeais dans le banc de glaçons sans trop de difficulté a masquer l'effroyable douleur qu'avait provoquée une eau frisant sans doute les 12° , pour peu que je sois optimiste . Je commençais a nager , essayant d'arborer un rire décontracté , pas mince affaire en claquant des dents , et a nager a plus de quelques mètres de la rive , me félicitant d'avoir enfin surpassé ma terreur des req...
Glups .
les 3 secondes de nage terrifiée et terrifiante qui me suffirent a atteindre la plage , sans parler des quelques minutes que je mettais a reprendre un visage non tuméfié par ma phobie eurent sans doute -entre autre- raison de mes possibles chances avec la Brune .
Mais je suis en revanche sur d'avoir lu quelque part qu'un requin s'est échoué sur une plage de Boulogne sur mer .