Ce qu'il y'a d'insoupçonnablement terrifiant dans le fait d'avoir soufflé 25 bougies (c'est une métaphore : essayez de faire tenir 25 bougies sur un gâteau, vous n'arriverez qu'à vous cramer la main à chaque allumage de bougie et à transformer votre charlotte aux fruits en cire à la charlotte), c'est que chaque jour semble poindre le bout de son nez pour vous confirmer toujours un peu plus que vous avez définitivement basculé de l'âge de « à une chance de devenir ... » vers le beaucoup moins glorieux « franchement, il faudrait être sacrément crédule pour y croire encore ! »
Et j'ai beau être aussi naïf qu'une ménagère endurcie à l'art ménager, ça devient de plus en plus difficile d'y croire.
Tu regardes 5 minutes une émission aussi bénignement bâclée que Capital, et bim ! Tu apprends que le mec qui a fondé son site internet à l'age de 20 ans ne s'est pas contenté, lui, de faire de la (moche) figuration sur l'article paumé au cœur de « La Dépêche », mais a capitalisé dessus et est 4 ans plus tard à la tête d'une entreprise d'une trentaine de salariés.
Et ce n'est pas par pure mesquinerie de jaloux compulsif que je commenterais la chose par une désagréable remarque du genre « et d'abord, ca se voyait comme les yeux au milieu de la figure que tu n'allais pas lui envoyer un mail d'excuse à ton client pas content, raclure. »
Mais tout de même.
Durant toute la période qui a précédé mon entrée à la fac, j'avais une très claire opinion (ce qui mérite d'être souligné, étant notoirement connu pour être aussi embrouillé qu'une explication d'ancien ministre mis en examen devant un juge d'instruction) sur ce que pourrait être cet étrange concept peu développé ou mal dans une émission de téléréalité sponsorisée par manix, bref, cet étrange concept de « réussir sa vie ».
Ayant au préalable et (très, si si !) habilement écarté l'idée que cela puisse passer par participer à une émission dans laquelle on me verrait devenir tout blanc quand un idiot tout rouge (la crème solaire, connaissent pas ?) se frotterait (très hypothétiquement, j'insiste) à ma brune, j'en viens à poser plus sérieusement la question, à savoir « quels pourraient bien êtres les objectifs d'un Nico dans la force de l'âge, pas encore méchamment grassouillet et encore chevelu, damned ? »
Oui, vous avez bien lu, non grassouillet et chevelu. Tas de médisants, va.
Le fait est que je sais plus, dans le fond, ce que je ne veux pas que ce que je veux. S'il a pu m'arriver dans de lourds moments d'égarements que le whisky ne saurait excuser totalement m'imaginer en sauveur du monde à la John Connor, j'ai du me rendre à l'évidence et constater tristement que le jour du jugement dernier ne viendrait pas, ce qui me retire d'un coup et cruellement ma vocation première.
Et pourtant, dieu sait que j'ai des palpitations au cœur chaque fois qu'une sirène m'arrache les oreilles le premier mercredi du mois à 12h, tiens.
... Je le rappelle au cas où, ce blog est h-u-m-o-r-i-s-t-i-q-u-e.
Et puis de toute façon, j'aurais du mal à sauver le monde avec ma brune et mes deux chats sur les bras, alors hein.
Revenant donc de cette vision apocalyptique que le désastreux Gorbatchev a pour le moment fortement compromis, il m'a fallu donc en arriver à éliminer ce que je ne voulais pas :
- des gamins avant mes 25 30 35 à définir ans.
- perdre mes cheveux, prendre du poids.
- avoir une copine qui me casserait les pieds et qui serait même pas proportionnellement jolie, pour compenser.
- avoir une banquière stressée et pointilleuse.
- vivre seul ou à deux dans un hlm de banlieue sordide.
- trouver rigolos Dechavanne et Ruquier.
- avoir peur de sortir le soir parce que « c'est dangereux, on pourrait se faire agresser ».
- enfiler un jaune fluorescent au fauteuil passager de ma voiture. J'ai des poussées de haine chaque fois que je constate qu'un crétin a fait pareille ignominie, de façon totalement crétine et irréfléchie. Tas de moutons, va !
- avoir peur de mon proprio.
- considérer que le ketchup et la mayo constituent un mélange étrange tout de même, fut-ce dans un Kebab.
- croire sur parole une émission qui me dit que boire du red-bull, c'est dangereux, bouh pas beau !
- régler mes impôts locaux en même temps que tout le monde, sans une sécurité d'originalité au moins égale à 3 mois.
J'ouvre ma boite aux lettres avec des gants de démineur Afghans.
Vous noterez tout de même que les aspirations somme toute pas si gamines de cette liste non exhaustive ne touchent que très peu au domaine au professionnel. Cela peut s'expliquer ainsi : j'ai eu trop le temps -lorsque mes perspectives de carrière s'apparentaient à celles d'une huitre périmée au fond du bassin d'Arcachon un soir de marée noire- de me résigner à l'idée qu'il me faudrait peut-être mentir toute ma vie sur le fait qu'au fond, « j'étais heureux avec mon petit smic à mi-temps qui me permettait une fois par an de m'acheter un nouveau jean chez Célio, si les soldes étaient particulièrement hardcore ».
J'ai toujours eu un don pour dramatiser.
Aujourd'hui, je suis limite angoissé à l'idée que justement, je m'estime au moins à court terme sur des rails de TGV survitaminé à l'électricité d'EPR concernant la carrière professionnelle : tout simplement, parce que dans le fond, ca m'arrangeait de pouvoir me dire que je n'avais besoin de penser à rien d'autre que sortir du bourbier sans fond dans lequel je stagnais il y'a encore de cela un an, wahou seulement !
Pourquoi cela m'arrangeait ?
Parce que si j'ai un boulot super chouette comme j'ai toujours rêvé d'en avoir un, et bordel de nouilles chinoises que l'on ne peut manger proprement avec des baguettes : quel fichu objectif je vais bien pouvoir me mettre en tête (et accessoirement, dans celle de brune) dans les prochains mois autre que « tiens au fait, si j'avais un Nico jr, arriverais-je à le garder à peu près entier un an ou deux et arriverais-je à faire jouer la garantie constructeur passé ce délai ? ».
Moi, je trouve ça tout de même flippant, quoi.
Note : Ce post n'a pas du tout été conçu pour obtenir d'un juge une condamnation à la stérilisation au fil de fer barbelé (rouillé), quand bien même je flipperais comme un malade depuis que je me suis rendu compte que quand je disais innocemment et en rigolant à 18 « moi, j'aurais pas de gamins avant d'être vieux, genre 28 29 quoi », eh bien j'avais pas mesuré à quelle vitesse 28 29 ca t'arrivait vite dans la tronche tout de même, tiens.
Rah.
... »