Avril 2008.
Nous étions la bande des 4, Mat, Ben, Tom et moi, entassés dans une voiture pas forcément aussi petite que les majorettes que l'on pouvait rentrer dans une capsule et qui les catapultait dans les pieds de vos parents qui devenaient alors instantanément passablement aigris.
Si vous voyez de quoi je parle, vos parents doivent encore terriblement boiter.
... Eux aussi.
La veille, après que j'ai lâchement abandonné la Brune chez son amie Dublinoise, nous avions fait une tournée des bars du centre, constatant non sans une certaine amertume que les consommations étaient vendues à un prix suffisant pour s'acheter un Airbus présidentiel, que les filles bourrées vomissaient avec la même sobre retenue que les Françaises, c'est à dire en prenant soin de ne pas totalement essuyer le sol à l'aide de leurs cheveux devenus serpillère, et enfin, que comme dans toutes les villes d'Europe, un soir de semaine passé 23h, y'a plus personne.
Raison de plus pour boire en lieu et place du reste de la ville, histoire d'entretenir tout de même sa réputation.
Blancs et verts dans la bagnole après cette nuit de débauche insoutenable donc, nous avions quittés
Dublin et pris la route de Belfast. Après avoir roulé une demi heure et considérés non sans un certain étonnement que nous avions déjà fait la moitié du chemin (l'Irlande, c'est aussi grand que le territoire de Belfort amputé de ses espaces verts. En gros, hein, je schématise), nous nous arrêtions en bas de ce qui semblait être quelques collines d'envergure assez modeste, et nous lancions dans l'ascension de l'une d'elle, le cœur vaillant et les poches pleines de bières.
Pour le coté « image d'Épinal », faut vraiment pas attendre grand chose de moi.
... 3 heures plus tard, je pouvais enfin cracher mon dernier bout de poumon alors que nous arrivions enfin au sommet de la « petite coline ». Tous les géographes sont des crétins : l'Himalaya n'est pas en Asie, il tient sur un bout de corniche de l'Irlande du Nord.
C'est dit.
(...)
Nous arrivions à Belfast, les pieds aussi boueux que des sabots de vaches visitant une porcherie Bretonne, décidés à nous trouver un petit hôtel avant de partir écumer les plus sombres recoins de la ville.
Autrement dit, nous songions à la visiter entièrement, toute la ville n'étant qu'un sombre recoin franchement pas plus attirant qu'une nuit dans un lit avec les restes de Jeanne Calment.
... passé le 99 ème hôtel qui me riait au nez, j'apprenais qu'il se tenait pile ce jour là -et le lendemain- une sorte de forum agricole Irlandais, un truc ressemblant vaguement à une bataille de Braveheart mais avec le maquillage en moins.
Nous avons dormis transpirants, les pieds boueux, par une température oscillant entre « ridiculement froid » et « pathétiquement atrocement glacé » (vous avez déjà essayé de dormir les fenêtres fermées avec 3 mecs boueux et transpirants dans une voiture miniature, vous ?), cela dans un virage de nationale à 3 voies, les deux plus longues, longuement éprouvantes heures de « sommeil » de ma vie.
Enfin 2 heures. Moins 5 minutes, puisque au bout d'une heure de sommeil, les phares d'une voiture en pleine accélération avant le virage s'immisçaient dans mon rêve et me faisaient hurler quand ce dernier virait au cauchemard typé « 4 étudiants transformés dans une collision en sardines en boite au bord d'une nationale Irlandaise ».
Toujours cette tendance à tout dramatiser, tiens.
Ps : Papa, maman, non je n'ai peut-être pas tout compris quand vous me parliez plus jeune de cet étrange concept de « prudence ». Mais pour autant, est-ce bien raisonnable pour si peu, cette petite crise cardiaque ?