Depuis mon dernier passage place du capitole, une veille de 1er Octobre, j'ai connu une évolution à rendre Darwin immodérément prétentieux.
Et croyez moi que cette raclure de Darwin a déjà un égo surdimmensionné.
Du petit étudiant sans grande envergure, aux trois quarts alcoolique et à 90% névrosé, il ne reste relativement plus grand chose, en dehors du fait bien sur que je sois toujours sans grande envergure, aux trois quarts alcoolique et à 100% névrosé.
Ca y'est, me voilà un « grand », quoique l'expression puisse sembler sensiblement inadaptée pour mon petit mètre 73 : j'ai un chouette boulot, mes cartes de visites, mes notes de frais et mes rdv foireux avec des andouilles qui lorsqu'elles ne prennent pas le temps de comprendre ce que je tente de leur expliquer, ne cherchent tout simplement pas à comprendre quoique se soit en me posant un sombre lapin.
Je commence à me demander si ce n'est pas une escroquerie, ce vague concept que l'on appelle « grandir ».
J'assiste à des mariages, heureusement et pour le moment des copines de Brune, mais je veille au grain pour ruiner le premier couple de mes amis direct que l'idée chatouillerait; j'apprends que l'une ou l'autre andouille a pondu un marmot sans trop s'en rendre compte, un vague jour d'inattention ; je fais des calinothérapies à mes rouquins poilus (mes chats, fallait-il le préciser) en espérant que l'affection qu'ils nous rendent contre des boites de Shéba sonnantes et trébuchantes suffiront à calmer encore quelques temps (une dizaine d'années ?) les ardeurs de ma brune pour un engagement plus « concret » de ma part.
Penser à doubler la dose de ronron, tiens.
Je prends des verres de temps à autres avec mes amis, et bien que nous tentions de sauver les apparences non sans une certaine bravoure, par exemple lorsque nous nous forçons à boire de l'alcool frelatée à 99° trouvée dans la réserve secrète d'une quelconque tante au poil dur et à la bise humide, je sais que le lendemain difficile n'aura pas la saveur de ceux qui ont précédé, ceux où nous retrouvions tous entre amis à émerger un peu partout et dans un peu tous les états, entre les meubles improvisés en lit pour la nuit.
C'était tout de même chouette, ce bordel a ranger le dimanche matin avant que les darons ne rentrent de week-end.
... Quoique cela ne servait pas à grand chose : le daron avait un pif sans égal pour dénicher les cigarettes écrasées malencontreusement oubliées derrière le canapé ou sous le tapis.
Mes « découverts », au moins aussi légendaires que le trou de la sécurité sociale, deviennent d'un ennui mortel, au point que je songe à brader ma carte bleue munie de son code sur Ebay, juste histoire de rigoler un peu, quoi.
Ah ah. Ce que j'ai pu rigoler, cet été 2005 où je suis rentré de vacances avec un découvert de 2200 euros ...
Je me laisse pousser mes cheveux, dans le secret espoir que quand je trébucherais dessus, c'est qu'ils seront assez long pour planquer les éventuels espaces vides qui ne manqueront pas de parsemer tôt ou tard mon crane.
Surtout tard.
Devenu aussi prudent qu'un banquier assureur Boudhiste n'ayant aucun intérêts dans le CAC 40, je me suis pris une mutuelle, le truc totalement inutile qui coute la peau du cul et qui n'est utile que pour tenir 5 secondes dans une conversation mondaine lorsque l'on lance avec fierté et dans un ton très « bon père de famille » (c'est une expression, ne rêve pas brune) : « oui, j'ai pris une bonne mutuelle, on est jamais trop prudent ».
A 50 euros par mois pour engraisser une armée d'escrocs en tout genre, ça fait cher la seconde mondaine.
Ben si, quoi.
En fait, je crois que s'il est une chose que je demanderais à cette garce d'horloge du Capitole ce soir, lorsque je remplirais encore un petit peu le dossier qui finira tôt ou tard par m'envoyer à l'hôpital psychiatrique, c'est bien de faire en sorte à ce que je n'oublie pas d'être drôle, avec toutes ces conneries, tiens.
... Notez bien que prendre rendez vous chaque année avec une superstition aussi grotesque, cela attesterait tout de même de bonnes prédispositions pour ne pas totalement devenir con... plêtement banal.
Enfin j'espère, disons.