Mercredi 14.
J'observe d'une terrasse de café l'agitation Parisienne et la tour Montparnasse, dont le bar panoramique est l'endroit idéal pour se gausser de ces andouilles de Japonais qui se la jouent bot-people au sommet de la Tour Eiffel pour une vue imprenable sur des jolies grilles de protection, et également idéal pour se mitonner un petit cancer aux petits oignons en ingérant d'adorables petites particules d'amiante, dont étaient friands les batisseurs de la fin des années 60.
Peut-être finalement que le prix exorbitant du café vise à facturer cette consommation fortuite ?
Bah.
Il est 17h30. Brune et moi devons prendre un avion à partir de Beauvais pour l'Irlande aux alentours de 23h, mais nous nous appretons déjà à nous rendre à la porte Maillot, afin d'y prendre une navette proposée par Ryanair pour atteindre l'Aéroport, navette dont la particularité est de partir de Paris 3h avant le début de l'enregistrement des passagers, qui lui intervient 2h avant le départ de l'avion.
Partir 5h avant le départ effectif de l'avion, pas à dire, la question de la pertinence de prendre l'avion pour se rendre en Irlande se pose.
Dommage qu'il n'existe pas de compagnie de location de trottinette, le choix se serait imposé d'office.
Après avoir pu nous faire une idée, un sac container sur le dos la scoliose, durant 30 minutes de métro aux heures de pointe, de ce que doit éprouver un moine Tibétain face à un char de construction Chinoise, nous arrivons Porte Maillot.
... Et arrivons à négocier avec le chauffeur du car afin qu'il stoppe son engin sans (trop) nous écraser les pieds.
Il faut le savoir donc : le départ de la navette Ryanair, c'est 3h30 avant le départ de l'avion.
Et également : l'amputation des doigts de pieds, c'est couvert par la sécu.
Nous tentons de reprendre notre souffle dans le car, alors que ce dernier fait une moyenne pour traverser Neuilly/La Défense (environ 1500 mètres) au rythme ébouriffant de 1500 mètres à l'heure.
Les incessants marche/arrêts effectués par le chauffeur à priori à jeun -quoique je ne puisse pas le jurer non plus- délocalisent mon estomac du coté de mes oreilles, tandis que ma brune se teinte d'une jolie couleur vert pomme comme j'en avais plus vu sur son minois depuis la fois où elle avait bu une quantité excessive d'alcool pour un être de si petite corpulence.
En même temps, je savais que ce n'était pas raisonnable, ce second verre de rosé.
Après 3h à visiter l'ensemble des banlieues sordides du Nord-Est de Paris et du noeud de voies rapides mais pas trop qui les constituent, nous arrivions effectivement à l'Aéroport International de Beauvais, qui à bien y regarder n'évoque pas tant que cela et quand on y réfléchit murement un Lidl en faillite.
En liquidation judiciaire, à la rigueur ?
Après avoir raqués 5 euros supplémentaires parce que je n'avais pas eu l'intelligence d'imaginer que cela ne suffisait pas de payer une somme suffisante à financer une guerre en Irak mais qu'il fallait aussi informer Ryanair que l'on comptait effectivement utiliser ces billets et non pas faire un feu de cheminée avec, Brune et moi nous asseyons à la table d'un sous-sous-sous self-service aux allures de SAV d'Auchan, et je sors mon Lg Viewty qui fait des photos terribles et d'abord je m'en fous de l'iphone, pour envoyer le message suivant à Mat et Tom, déjà en Irlande et qui pariaient déjà, les médisants, sur la probabilité que je les plante en Irlande.
Il y'a des précédents, il est vrai.
Mais je persiste à dire que je n'avais pas le choix lorsque j'étais parti un samedi matin à 6h après avoir vu quelques heures plus tôt le concert des Red-Hot : Brune m'attendait. Ah !
« Nous sommes à l'aéroport et enregistrés, c'est bon : nous sommes en Irlande dans 2 heures ! »
J'appuie sur Envoyer.
« Tum-dim-tum ! Le passager propriétaire de la valise rose dans le hall est prié de venir la récupérer »
Message en cours d'envoi.
« Tum-dim-tum ! Le passager propriétaire de la valise rose oubliée dans le hall est prié de venir la chercher de toute urgence ! »
Accusé de réception, message recu.
« Tum-dim-tum ! Les passagers sont priés de sortir immédiatement de l'aérogare (et de se rendre sous la pluie qui redouble,soit, pour marcher pendant 5 minutes pendant que leur ordinateur se prend pour une éponge jusqu'à un hangar à la con où ils risquent bien de passer la nuit, ah ah ah !) ... »
Presque rigoureusement authentique.
(...)
« Nico ? Nico ? Tu me fais peur, cela fait maintenant 30 minutes que tu es dans cette position foetale les yeux vitreux, tu veux pas me parler ? Tu sais, Mat et Tom comprendrons ! Nico ? Nico ? »