Une palpitante aventure de Nicnic et Brunou
Il y'a deux mois de cela, ma bande d'amis habituels et moi faisions le terrible constat qu'il ne nous était plus arrivé de partir en vacances entre nous depuis une période qui à force de s'allonger, risquait de faire réellement ombrage dans les bouquins scolaires à celle que l'on nomme « Préhistoire » .
D'autant que lorsque nous sommes réunis, le film la guerre du feu mérite d'être déclassé au rang de simple documentaire.
Qu'à cela ne tienne ! Grâce à une organisation sans faille dont nous seuls avons le secret (concretement : environ 900 mails échangés aux intitulés divers et variés, comme « Nicolas, tu l'achètes ce putain de billet ? », « Re : Benoît, crois tu qu'il soit pertinent de passer la moitié de notre budget dans la location d'une Ferrari cabriolet ? », ou encore « Re: Fw: Vous me faites chier, j'y vais tout seul si ça continue »), une semaine en Irlande était dare-dare planifiée courant Mai.
Le fait que nous arrivions chacun sur place à plusieurs journées d'intervalles et en des endroits différents important peu, dans le fond.
Si, si, Mat.
Sauf que. Parmi les différentes petites tares qui font mon charme (ou que l'on change de trottoir lorsque l'on m'aperçoit au loin, également, soit), j'ai developpé un don inné pour , à partir d'une situation à priori simple (si,si, Mat bis) , obtenir un résultat au moins aussi imbuvable qu'un whisky coca trainant sur un rebord de fenêtre un dimanche matin de lendemain de fête.
Je finirais bien par savoir quel est le sinistre crétin qui s'est servi de ce gobelet comme d'un cendrier.
En l'espèce, la complication allait prendre l'apparence peu anodine du visage de ma brune, qui prit une teinte écarlate limite inquiétante lorsque j'évoquais comme ça à brule pourpoint l'idée vague et potentielle que je parte seul dans un pays éloigné quelques jours avec mes 3 meilleurs amis mecs.
Faut-il que les filles s'angoissent facilement, tout de même.
Une négociation et demi plus tard, ma brune avait obtenu le droit -d'un commun accord et certainement pas en usant déloyalement de la menace d'une arme de type magnum calibre 45- d'acheter elle même un billet d'avion, et contacté une sienne amie habitant Dublin, ce qui lui permettrait ainsi de disposer d'un endroit stratégique pour surveiller sans avoir trop l'air d'y toucher et de pas trop loin les activités de son homme.
Même si le procédé était un peu voyant, comme ne manquèrent pas de le faire remarquer à juste titre et de concert Mat, Ben et Tom, dans une nouvelle série de mails aux intitulés pas franchement élogieux envers ma virilité.
Note personnelle : si, j'ai des couilles, tas de médisants.
... C'est justement toute l'origine du problème.
Bref, vous me direz, « soit, ta copine a dans la douceur la plus exquise exprimé le désir d'être associée en partie à votre équipée masculine, où est le drame ? », tas d'anxieux notoires que vous êtes.
J'y viens.
Il se trouve que si organiser un voyage 2 mois à l'avance a le mérite d'en rendre entre autre le coût plutôt avantageux, cet aspect là (avantageux) reste pour le moins théorique et plus que sujet aux aléas les plus bénignement contrariants.
... Le fait que l'on trouve un nouveau travail durant ces 2 mois et que l'on aura dès lors du mal à faire accepter à ses nouveaux patrons, sans passer par la case « j'ai été viré d'un job avant même d'y rentrer en fonction », l'aspect somme toute anecdotique de notre envie de partir en vacances, bref, ce fait là faisant dès lors et bien évidemment partie des aléas que l'on puisse raisonnablement considérer comme bénignement contrariants.
Ou dit autrement : « Et meeerde ».
Après avoir réussi à raisonner Mat afin qu'il ne se fende pas d'un communiqué de presse rageur à l'attention des deux autres (« Rw : Nico continue ses plans foireux ») , acheté un nouveau billet pour la modique somme de mes reins -avec le coeur en option-, et calmé ma brune se rendant compte tout à coup qu'elle allait partir en Irlande sans moi, j'arrivais par le biais de sournoiseries dont j'ai le secret à insinuer dans l'esprit de mon boss que me laisser partir au moins du mercredi soir au samedi serait une idée judicieuse qui contribuerait à la l'accroissement de la compétitivité de son entreprise.
... En d'autres termes, je l'ai supplié si pitoyablement que l'image de sérieux que je tentais de me forger jusque là ne vaut depuis pas plus qu'un paillasson usé positionné à l'entrée d'un local à poubelles.
Contrariante, tout de même, cette tendance à passer pour un crétin que je développe depuis la fac le lycée le collège oh et puis merde .
(Be Continued)