Aujourd'hui , c'est l'anniversaire du pire instrument de torture qui ai jamais terrorisé les parents , particulièrement les soirs où , venus faire un bisous à leur douce progéniture endormie , ils repartaient en hurlant de douleur à cloche pied de la chambre de cette « marmaille de merde » et méditaient sur ce jour d'ivrognerie où ils avaient décidé dans un coupable élan commun et spontané de se passer de préservatif .
J'ai nommé les tristement célèbres légos .
Les légos , c'est ce carton qui pourrit dans la cave de chez mes parents et qui me fait soupirer , moi qui rêverait de le ramener dans mon petit chez moi douillet , où je pourrais pathétiquement perdre 15 ans d'un coup lorsque grattant au fond de la caisse , je chercherais désespérement cette putain de pièce qui me manque pour parachever ma base spatiale intergalactique .
Généralement , je trouvais la fameuse pièce sous mon ongle affreusement retourné sans sommation .
« Intergactique je sais pas , mais mon ongle est niqué , ca c'est sur » ruminais-je alors amèrement .
Les légos , c'est un monde de bonheur ou même lorsque tu en décapites ses habitants , leur tête continue à sourire benoîtement .
On le sait maintenant : Pol-Pot à du beaucoup jouer aux légos , petit .
Les légos , c'était un moment de chaude complicité avec mon doux papou , par exemple quand j'allais le voir avec mes petits yeux brillants et que je lui demandais la voix tremblotante « papou , tu m'aides à monter le bateau pirate ? » et qu'il me répondait « mais oui mon bonhomme ... » de sa belle voix grave tout court .
... Concrêtement , j'allais jouer à la nintendo pendant que mon père s'arrachait les cheveux à comprendre le plan proposé par le fabriquant , au moins aussi clair que celui qui explique comment monter l'abominable commode d'Ikéa Kullen .
J'ai du sceller définitivement un tiroir à la colle Super glue .
C'est dire .
Les légos , c'est aussi la première fois de sa vie que l'on a l'occasion d'éliminer une option de la liste des métiers que l'on voudrait faire .
C'est ainsi que , alors que je venais de passer 5 bonne heures à construire une superbe maison , avec des briques de la même couleur selon les pièces et tout et tout (sauf l'air conditionné , forcément) , je compris tout en exprimant avec modération mon amertume (« bordel de putain de merde fais chier ! ») que je ne serais jamais ingénieur , lorsque mon père , après 3 secondes d'observation de l'oeuvre qui parurent éternelles (Ana Gavalda , tremble , ton règne arrive à terme !) , posa la terrible question :
« Et les fenêtres , non ? »
... Tout compte fait , je hais les légos .