Pink Floyd - Another Brick in the Wall
Il y’a 9 ans de cela , alors que je me complaisais naïvement dans l’age bête , me vautrant pathétiquement dans mes 15 jeunes années que je ne regrette absolument pas (nous avons eu une conversation « sérieuse » avec Brune sur sa très légère contrariété à me voir m'apitoyer sur ma jeunesse perdue) , j’avais passé un séjour sympa à Hossegor en compagnie de ma bande de copains de l’époque .
De l’époque , parce que le séjour n’avait pas contribué à sauvegarder notre amitié , particulièrement après que j’ai ruiné le Ciao de la sœur du mec qui m'hébergeait .
Comme nous étions jeunes et cons , nous avions dès le premier jour fait honneur aux belles plages de cette partie de la côte Landaise , et par un soleil et une température évoquant mais en plus modérée celle qu’il fait au Sahara Oriental un 15 Août , nous avions passé la journée à bronzer dans la joie et la bonne humeur , de 10h du matin à 18h .
Sans protection solaire , évidemment .
Lorsque je suis rentré chez moi , 4 jours plus tard , ma mère eut un cri d’effroi lorsqu’en croyant ouvrir à son fils , la porte avait ouvert le passage à un martien en phase terminale de la lèpre , des plaques de peau virevoltant dans son sillage .
Sans parler des croûtes , forcément .
(…)
9 ans plus tard .
(J’adore cette manière que j’ai de jouer avec les dates , pas vous ? Hum . Ok . Nico mode autosatisfait Off .)
Brune ayant mis dans la balance sa démission pour obtenir un jour de repos auprès de sa Thénardier , nous avions enfin 24h communes à partager sans IVG (interruption volontaire professionnelle) depuis un temps franchement indécent . Nous avons donc procédé logiquement , et comme tout Français moyen se respectant un minimum : nous avons dilapidés joyeusement 5h de ce temps en voiture .
Je suis presque mur pour vivre à Paris , moi .
A ce propos .
Lorsque l’on vit à Toulouse , on se targue à longueur de journées d’avoir un avantage décisif sur ces imbéciles de Parisiens qui non contents d’êtres à plus de 2h de la plage la plus proche , n’ont pour plage que les sinistres galets d’Etretat , ou les sinistres (et puants) snobs de Deauville .
Puisque les Toulousains ont décidément pour passe temps de me torturer avec leur quotidienne question « Mais ? Vous n’avez pas l’accent d'ici , vous ! » (cela fait 13 ans que je vis à Toulouse , merde , quoi !) , il me semble juste que je rectifie à mon tour leur fierté , moi , le « Parisien » .
Vengeance .
Je t’en foutrais du je ne suis pas d’ici , tiens .
Donc , Toulouse est , il est vrai , a 1h et quelque des plages les plus proches . Ainsi , au bout d’une heure de route , vous aurez le bonheur de bronzer à Narbonne plage , cette charmante ville de littoral au adorables relents de centre commercial bétonné , animation au micro comprise dans le prix , évidemment . Pour une heure quinze de route , vous pourrez apprécier le délicat panorama de Port la Nouvelle , paysage fait de superbes raffineries pétrolières , incroyables pétroliers naviguant sans trop polluer au large et au sein de la ville par le biais de canaux ou les rats ne pullulent pas à toutes les saisons . Et comble du luxe , pour une heure trente de route , vous aurez la joie et la chance de profiter des magnifiques plages du Cap d’Agde , ville bâtie dans les années 50 à une époque où l’on devait croire possible de reproduire Manhattan sur les rives de la Méditerranée .
Peut-être les Toulousains y réfléchiront ils à deux fois avant de me refaire l’affront de me traiter de Nordiste .
Ayant décidé de faire mon Parisien , j’acceptais l’idée de perdre , donc , un peu plus de temps enhammam 306 pour goûter la joie d’une vraie plage , et c’est ainsi que Brune et moi atterrissions à Leucate , ville encore dénuée de béton il y’a peu , c’est à dire avant qu’un Maire débile décide de refaire la place centrale du centre ville sur le modèle du parvis de La Défense .
Et après on ose juger les Nordistes , non mais je vous jure .
Après avoir patienté 20 minutes de plus sur le goudron d’un abominable parking de centre commercial , le temps que la pizza rustique que nous avions commandée cuise , et après nous êtres cramés les pieds aux troisième degré sur un sable probablement fourni par Brandt à la commune de Leucate , nous nous affalions sur le sable de la plage avec une lourdeur qui serait à peine égalée par celle de Bigard .
Pardon , nous avions , avant de provoquer un tremblement de terre de magnitude 7 , trempés ce qui restait de nos moignons de pieds dans la mer , le temps de faire baisser de quelques centimètres le niveau de l’eau , quoi .
On ne m’ôtera pas l’idée de la tête que l’on ferait moins de ramdam sur le réchauffement climatique , si tout le monde s’amusait ne serait ce qu’à rentrer un orteil dans le glaçon méditerranéen .
Bref . Sur ces entrefaites , et après avoir passé un brin de crème solaire sur les parties les moins chiantes à tartiner de nos corps blanchâtres , Brune et moi allions nous livrer à une de nos joies favorites .
… Ce que l’on peut ronfler fort sur une plage Méditerranéenne .
(…)
5h après .
Je crois bien que quelque chose me remue , mais il est trop tard , qu’on me laisse agoniser en paix . Ma gorge est aussi sèche que mon front est mouillé de sueur . Deux neurones tentent d’amorcer une réflexion pour comprendre comment on a pu me rentrer dans un crématorium pendant mon sommeil .
Un neurone arrive à commander une paupière , lui ordonnant sèchement de s’ouvrir .
« Nico , réveille toi , il est 18h ! »
Mmm ? Tiens , nos bruyants voisins à chapeaux ridicules ont mis les voiles . La plage s’est étonnamment dépeuplée , sans doute se sont ils tous empressés de rentrer pour ne pas rater la demi heure de pub précédent le croulant Poivre .
Je me retourne .
Et c’est le drame .
« Ouaille ouille aie aie aie ! ! ! » , informa le Nico à l’ensemble de la région Languedoc Roussillon .
(…)
Une chose est sure , j’étais pas encore poilu à 15 ans .
Sinon , et même 9 ans après , je me serais souvenu que les poils des jambes n’ont jamais , jamais arrêté le moindre rayon de soleil .
Ouille .