Sans doute la première fois depuis une demi décennie que je me réveille en sursaut et alors qu’il fait jour .
Et également que la combinaison de ces 2 raisons est la raison de mon indéniable mauvaise humeur .
Le bruit crispant au possible d’une personne me parlant sur msn m’a sorti de mon comas somnolique (pas encore dans le petit Robert , ne vérifiez pas) , cette personne n’ayant de toute évidence pas conscience que son acte malheureux ne puisse que provoquer chez moi une furie disproportionnée par le fait d’avoir été réveillé a une heure indécemment matinale , soit 8h30 du matin .
Colère disproportionnée aussi du fait que j’ai aussi et accessoirement raté mon train , 1h30 plus tôt .
Après m’être expédié un café que je qualifierais modestement de " corsé " (donc café qui aurait pour effet sur le plus endurci de mes lecteurs de le rendre insomniaque une petite dizaine de semaines) , j’inspectais le site de la Sncf en m’étranglant sur le coût prohibitif de ma panne de réveil , remplissais vaguement mon sac a dos du minimum syndical nécessaire pour que je ne fasse pas les gros titres du journal local de Port la Nouvelle (" un inconscient retrouvé mort de froid en plein mois d’Aout ") et prenais enfin la direction de la gare avec donc seulement 2h de retard sur l’horaire benoîtement envisagé la veille .
C'est-à-dire 4h plus tôt , lorsque j’avais envisagé de dormir un peu , quand même .
Dans le cas d’une nuit passablement raccourci , j’ai curieusement de façon assez récurrente la gorge aussi sèche que mon portefeuille , aussi éprouvais je sur le quai l’irrépressible besoin d’assécher un peu plus ce dernier en me ruinant a acheter quelque chose qui me rafraîchisse , comme par exemple une bouteille d’orangina vendue a un prix défiant toute concurrence de tout épicier en situation de monopole au milieu du Sahara .
… Comment ça " modifiez votre sélection " ? Et d’un , tu ne me parles pas comme ça , et de deux , je m’en fous , je vais prendre la deuxième colonne d’oranginas …
" Modifiez votre sélection " .
Bon . Inspirer un grand coup . Ne pas s’en prendre futilement a cette sombre raclure de machine de merde , et opter pour de l’ice tea . Oui , c’est ça , je vais prendre de l’ice tea , bonne idée tiens .
… Je me suis explosé la main de colère contre la vitre du malfaisant appareil lorsqu’il m’affichait a nouveau " modifiez votre sélection " .
Les yeux exorbités , a la recherche d’un employé de la Sncf a étrangler , je devais faire appel a tout mon self control pour résister a la tentation d’écrire là , sur le quai , un bouquin qui prônerait la révolution du prolétariat contre la dictature des machines et l’extermination de ces dernières , d’autant que l’ignoble robot dans deux ultimes provocations , refusa de me rembourser , puis fit tomber sans que je ne lui ai rien demandé une bouteille d’un liquide a la saveur insipide au possible , soit une bouteille d’Evian .
Enfin pour la saveur insipide , je ne fais que présumer puisque la bouteille resta bien évidemment coincée a peine hors de portée de mes doigts …
(…)
Dans le train .
Après avoir du céder la place que j’avais initialement choisi à une pitoyable mémère tenant dans sa main un roquet ridicule au possible , bavant et tirant la langue , parfois les 2 en même temps , et après avoir résisté a l’incroyable tentation , encore une , d’envoyer valdinguer la potiche et sa créature par la fenêtre au risque non négligeable de mécontenter WWF , je tentais de me calmer et de lire consciencieusement mon bouquin .
C’était sans doute beaucoup demander .
Arrivaient les contrôleurs pour leur premier passage . Je ne suis pas foncièrement honnête , mais ayant horreur de devoir m’expliquer avec un contrôleur devant d’autres passagers qui ne peuvent s’empêcher d’écouter et prendre une mine désobligeante (" ah , ses jeunes ! ") , aussi décidais je d’aller trouver les contrôleurs et de leur expliquer subtilement ma présence dans ce train avec un billet pour un autre quelques heures plus tôt .
Autant pour moi : 15 Euros de redressement , sachant que si j’étais resté sagement a ma place je n’aurais au final jamais été contrôlé , ma subtilité a finalement achevé mes dernières velléités de me calmer .
Bref , j’arrivais a Port la Nouvelle dans de fort peu douces dispositions , qui n’allèrent pas d’ailleurs en s’améliorant lorsque sous mes yeux incrédules , je découvrais un paysage apocalyptique . J’ai cru débarquer au milieu de champs pétrolifères , de Hlm en tout genres dignes des barres du Mirail et Reynerie combinées …
J’ai passé la première heure a déambuler en me retenant a chaque pas de ne pas reprendre le train aussi sec . Je n’ai réussi a rester qu’en le prenant avec humour , m’amusant a m’émerveiller faussement devant le spectacle : " Oh ! Une raffinerie ! Aaah ! Une grue ! Tiens ? des pétroliers !!! " .
Bon dieu , que foutais je dans ce vide ordure urbain .
Espérant tout de même qu’il existe une plage au milieu de l’un ou l’autre dépôt de mazout , je demandais mon chemin au huit a huit ou je m’achetais un de ses misérables trucs appelés a tord sandwichs et que si j’étais député je déclarerais contraire aux conventions de Genève . Dans un premier temps , l’employée eut visiblement le plus grand mal a se retenir de partir dans un fou rire , puis me demanda " mais … vous n’êtes pas a pied tout de même ? " .
Soit . 45 petites minutes a déambuler a pieds pour atteindre cette foutue plage , ça valait pas la peine de se foutre de moi , sombre caissière .
Et soit , pour bronzer , il eusse fallu que je ne me retrouve pas dans une tempête de sable digne de celle dans laquelle se retrouve piégé tintin aux pays de l’or noir . J’ai inventé le concept de bonhomme de sable , quand après avoir dormi 2h , je me réveillais avec 10cm de sable sur moi , sans parler des kilos ingurgités bien malgré moi .
Je suis rentré le soir même . Et ai royalement snobé le contrôleur …