25 mai 2007
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Un réquisitoire cruel de l'autorité parentale .
J’ai beau essayer de comprendre , je n’y arrive pas .
Nous nous sommes installés dans cet appartement en 1997 . Nous sommes en 2005 . Il y a donc 8 ans que nous y vivons tous les 4 .
Aucun n’a été exilé ou envoyé en pension , malgré une forte envie parfois et pas qu’en me rasant .
En 8 ans avec 2 maladroits et un chat fou , il y a eu des changements de décor , ou d’objets du décor, je ne le nie pas .
En 8 ans , certains meubles meublant (comme disent les notaires et les cuistres) ont changé de place ou ont été subrepticement remisés le long du trottoir . Ca aussi , je le confesse .
Mais dans l’ensemble , chaque chose est à sa place , et chaque place a été choisie pour son côté pratique et/ou esthétique . Et même les 2 quand c’est jouable .
Alors que je faisais , de temps à autres , subir des montées de taux d’adrénaline supérieures à toute quantité connue (et non scandaleusement blâmable) à ce pauvre chat , je veillais malgré tout à ce que « son » territoire ne subisse pas de modification trop stressante .
Cette longue introduction pour dire ma surprise , ma stupéfaction , bref , mon effarement quand , après un week end passé à l’extérieur , je retrouvais l’appartement que nous avions contraints et forcés du laisser à Nicolas , pensant qu’il l’utiliserait à bon escient pour « réviser » .
A ce propos , je tiens à préciser qu’il faut vraiment être parent pour utiliser ce mot et lui accorder la moindre signification ! Dans la bouche de son rejeton , « réviser » englobe toutes sorte d’activités diverses et variées , à la condition expresse que les dites activités n’aient aucun rapport avec la vie scolaire , les études ou les examens .
Par exemple , quand Nicolas allait à 10 km à pieds , en pleine nuit , retrouver sa copine , il « révisait » .
CQFD .
Donc , je récupérais mon appartement . Officiellement , il était rangé et les traces des « révisions » devaient en être extirpées . D’ailleurs , Nicolas était sincèrement persuadé qu’il
avait fait ce qu’il fallait pour .
Mais trop de révisions , cela laisse toujours des traces .
C’est bien connu .
Disons , dans le désordre :
- Le bar avait subi une attaque frontale et les cadavres de bouteilles étaient debout , rangés mais vides comme le cerveau d’Eve Angeli .
- Une odeur de tabac froid flottait dans l’air à faire râler le cow-boy Marlboro.
- Les plantes vertes (je ne parle pas des amies oubliées de mon fils …) semblaient sorties du décor d’ « Apocalypse now » , manifestement napalmées ou victimes de l’agent orange .
- Certains livres de la bibliothèque avaient été prestement mais mal rangés (le Kama Sutra illustré , L’éducation sexuelle amusante , photos de tournages de l’excellent film Histoire d’O) alors que curieusement , ni Mauriac ni Koestler -par exemple- n’avaient étés ouverts.
- Une ampoule sur deux était grillée (je ne me l’explique toujours pas) .
Mais surtout , et c’est là que je voulais en venir , les tapis étaient dans le « mauvais sens » (rectangulaire, le côté le plus large avait changé d’orientation) et même avaient été remis à l’envers ! Certes celui qui avait subi cet étrange sort était un tapis-coco réversible , mais l’évidence aurait sauté aux yeux de Stevie Wonder .
Le chat lui-même reniflait l’horreur avec un regard intelligent auquel je n’étais pas habitué .
Je passerais sous silence le trou de cigarette en plein milieu d’un tapis , et que cachait misérablement un catalogue opportunément posé dessus , ainsi que les rideaux du salon qui avaient changé de forme et de texture (c’étaient ceux de ma chambre !) .
Je ne parlerai pas charitablement non plus du dessus-de-lit de ma chambre qui , posé n’importe comment , indiquait clairement qu’un crime de lèse-parentalité s’était commis à l’intérieur .
L’intention y était , vous l’aurez compris .
Mais ce qui m’effarait le plus , ce n’était pourtant pas que l’appartement , laissé dans un état proche de la salle d’opération d’un chirurgien maniaque , évoque à notre retour le passage des Ardennes de Gudérian (1945) .
C’était qu’invariablement , Nicolas s’offusque dans un accent de sincérité frôlant celui de Georgina Dufoix de mes douces récriminations , me servant avec un culot assez monstre cette petite réplique dont , pour être franc , je ne me suis toujours pas remis :
« c’est fou , tu vois tout … »
J’ai beau essayer de comprendre , je n’y arrive pas .
Nous nous sommes installés dans cet appartement en 1997 . Nous sommes en 2005 . Il y a donc 8 ans que nous y vivons tous les 4 .
Aucun n’a été exilé ou envoyé en pension , malgré une forte envie parfois et pas qu’en me rasant .
En 8 ans avec 2 maladroits et un chat fou , il y a eu des changements de décor , ou d’objets du décor, je ne le nie pas .
En 8 ans , certains meubles meublant (comme disent les notaires et les cuistres) ont changé de place ou ont été subrepticement remisés le long du trottoir . Ca aussi , je le confesse .
Mais dans l’ensemble , chaque chose est à sa place , et chaque place a été choisie pour son côté pratique et/ou esthétique . Et même les 2 quand c’est jouable .
Alors que je faisais , de temps à autres , subir des montées de taux d’adrénaline supérieures à toute quantité connue (et non scandaleusement blâmable) à ce pauvre chat , je veillais malgré tout à ce que « son » territoire ne subisse pas de modification trop stressante .
Cette longue introduction pour dire ma surprise , ma stupéfaction , bref , mon effarement quand , après un week end passé à l’extérieur , je retrouvais l’appartement que nous avions contraints et forcés du laisser à Nicolas , pensant qu’il l’utiliserait à bon escient pour « réviser » .
A ce propos , je tiens à préciser qu’il faut vraiment être parent pour utiliser ce mot et lui accorder la moindre signification ! Dans la bouche de son rejeton , « réviser » englobe toutes sorte d’activités diverses et variées , à la condition expresse que les dites activités n’aient aucun rapport avec la vie scolaire , les études ou les examens .
Par exemple , quand Nicolas allait à 10 km à pieds , en pleine nuit , retrouver sa copine , il « révisait » .
CQFD .
Donc , je récupérais mon appartement . Officiellement , il était rangé et les traces des « révisions » devaient en être extirpées . D’ailleurs , Nicolas était sincèrement persuadé qu’il
avait fait ce qu’il fallait pour .
Mais trop de révisions , cela laisse toujours des traces .
C’est bien connu .
Disons , dans le désordre :
- Le bar avait subi une attaque frontale et les cadavres de bouteilles étaient debout , rangés mais vides comme le cerveau d’Eve Angeli .
- Une odeur de tabac froid flottait dans l’air à faire râler le cow-boy Marlboro.
- Les plantes vertes (je ne parle pas des amies oubliées de mon fils …) semblaient sorties du décor d’ « Apocalypse now » , manifestement napalmées ou victimes de l’agent orange .
- Certains livres de la bibliothèque avaient été prestement mais mal rangés (le Kama Sutra illustré , L’éducation sexuelle amusante , photos de tournages de l’excellent film Histoire d’O) alors que curieusement , ni Mauriac ni Koestler -par exemple- n’avaient étés ouverts.
- Une ampoule sur deux était grillée (je ne me l’explique toujours pas) .
Mais surtout , et c’est là que je voulais en venir , les tapis étaient dans le « mauvais sens » (rectangulaire, le côté le plus large avait changé d’orientation) et même avaient été remis à l’envers ! Certes celui qui avait subi cet étrange sort était un tapis-coco réversible , mais l’évidence aurait sauté aux yeux de Stevie Wonder .
Le chat lui-même reniflait l’horreur avec un regard intelligent auquel je n’étais pas habitué .
Je passerais sous silence le trou de cigarette en plein milieu d’un tapis , et que cachait misérablement un catalogue opportunément posé dessus , ainsi que les rideaux du salon qui avaient changé de forme et de texture (c’étaient ceux de ma chambre !) .
Je ne parlerai pas charitablement non plus du dessus-de-lit de ma chambre qui , posé n’importe comment , indiquait clairement qu’un crime de lèse-parentalité s’était commis à l’intérieur .
L’intention y était , vous l’aurez compris .
Mais ce qui m’effarait le plus , ce n’était pourtant pas que l’appartement , laissé dans un état proche de la salle d’opération d’un chirurgien maniaque , évoque à notre retour le passage des Ardennes de Gudérian (1945) .
C’était qu’invariablement , Nicolas s’offusque dans un accent de sincérité frôlant celui de Georgina Dufoix de mes douces récriminations , me servant avec un culot assez monstre cette petite réplique dont , pour être franc , je ne me suis toujours pas remis :
« c’est fou , tu vois tout … »