24 mai 2007
4
24
/05
/mai
/2007
11:31
« Nico , tu as déjà fait de l’auto stop ? » , me demanda t’elle ingénument .
L’embardée que la voiture faisait instantanément , et l’expression terrifiée qui coloria mon visage lui apportèrent un semblant de réponse .
(…)
Septembre 2004
Cela faisait déjà 3 jours que je faisais les vendanges en compagnie de Clément , dans un coin si retiré de la civilisation que je m’attendais tous les soirs en tentant de m’endormir à ce que les vikings débarquent joyeusement , sinon Attila lui-même .
Mon mal être était particulièrement accentué par le fait que je découvrais par ailleurs les joies des « a coté » des vendanges , à savoir cette étrange et lancinante sensation provoquée par le moindre mouvement du dos , sans parler de la terreur provoquée par l’objet tombé au sol , à la simple idée qu’il va falloir le ramasser .
C’est d’ailleurs a ce type de détail que l’on reconnaît quelqu’un qui a fait les vendanges , à cette étrange façon de ramasser les objets en utilisant tout le catalogue de contorsions possibles et (in)imaginables pour se baisser sans se pencher d’un quart de poil .
Je n’ai jamais été poignardé , mais je ne sais que trop depuis ce sombre mois de Septembre 2004 à quel point César n’est pas si à plaindre que ça .
Chochotte , tiens .
Bref , lorsque le dimanche se décida enfin , c’te feinasse , à pointer le bout de son nez , je disposais de toutes les raisons les plus sérieuses pour pioncer joyeusement , et rêver pourquoi pas de greffe de colonne vertébrale et de castration de viticulteurs .
Sauf que . Entre autre de mes nombreuses tares , il en est une qui arrive à me faire lever un dimanche matin à 6h , quand bien même il me faudrait pour cela me traîner à quatre pattes en gémissant à chaque mouvement dépassant les 10cm/heure .
Véridique .
Voyez vous , j’exècre les beaufs qui beuglent ignoblement devant 22 abrutis visiblement non dotés du sens de l’orientation vu leur propension à changer de direction toutes les 5 secondes .
De la même manière , j’ai une tendance à considérer que si le rugby peut être marrant une fois ou l’autre à suivre , particulièrement quand
Mais j’aime la Formule 1 .
Nico , ou l’art de perdre tout son lectorat féminin en un post .
C’est ainsi que ce dimanche matin là , je me traînais péniblement jusqu’à la télévision à une heure indécemment matinale , tout à l’espoir que mon pilote fétiche gagne enfin son premier grand prix . Logiquement , j’ai effectivement jeté mon dévolu sur le pilote le moins prometteur de ses 30 dernières années , j’aurais probablement mal vécu de soutenir un gagnant .
Question de principe .
J’allume la télévision .
Crishhhhhhhhhhhhhhh .
« Oups . » , commentais-je sobrement .
Détail amusant , et tout à mon étourderie , j’avais oublié que cela faisait plusieurs jours que nous étions contraint de suivre les inépties de M6 en lieu et place de celles de TF1 , tellement plus ludiques , la télévision de Clément n’ayant probablement pas voulu cautionner que l’on prépare notre cerveau à de la « disponibilité » pour coca cola .
J’aimerais tout de même que l’on m’explique en quoi regarder 10 poufs jouer à « baise mi et baise moi » sur une île serait censé me donner envie d’acheter du coca . Mais je suis sceptique de nature .
Catastrophe . Le Nico en panique commence fort logiquement à se beugler dessus et à se traiter de tous les noms d’oiseaux habituels en récompense de son éternelle étourderie .
Puis , dans un moment de colère vindicative , enfile les chaussures qui traînent à sa portée , visiblement pas les siennes mais il s’en fout , et d’un pas décidé , part en chasse d’une télévision plus coopérative .
Mes plus grandes folies sont les plus spontanées .
C’est d’ailleurs mon drame .
Sauf que . Le village ou je me trouvais comptait probablement moins de villageois que Verdun en 1917 , statistiques peu flatteuses qui chutaient encore violement si on prenait par méchanceté le sadisme d’en retirer les moins de 80 ans .
Alors la télévision , vous pensez .
Mais j’avais décidé que , lorsque l’un des ouvriers agricoles me retrouverait le lendemain agonisant entre 2 grappes de raisin après que je me sois ouvert les veines pour oublier fut ce l’éternité la douleur remontant de mes reins , que ce matin la , j’aurais au moins eu le réconfort que je m’étais promis , à savoir observer 20 abrutis tourner en rond .
Nico , ou l’art de trahir ses convictions pour conserver son lectorat féminin .
C’est ainsi que je me retrouvais un dimanche matin à marcher au milieu de nulle part , sur une route de campagne probablement oubliée des cartes à l’échelle 1/1 , 10 bornes me séparant du village le plus proche et doté avec un peu de chance d’un bar pas trop rustique ou les paysans auraient la gentillesse de ne m’égorger qu’après que j’ai pu voir mon grand prix .
10 bornes . Sous un soleil naissant et déjà chaud . Sans que j’ai pu boire mon café vital . Alors que j’avais la gorge plus sèche que ce qui doit rester de Jeanne Calment .
Je ne pouvais que lever le pousse lorsqu’une voiture arrivait à ma hauteur .
L’inconscient , tiens .
« Bonjour , je vais au village le plus proche .
- Monte . »
Court , clair et concis .
Ca a failli être le résumé de ma vie .
J’étais monté dans l’ignominie suprême . Alors que la portière avait à peine claquée , je me demandais s’il ne serait plus sage de sauter par la fenêtre . J’étais tombé sur des « raveurs » effroyablement maussades , sans doute délogés par une compagnie de CRS pendant la nuit . Leurs chiens , bavant et grognant , semblaient tout en me dévisageant se poser la question de la comestibilité d’un Nico . La techno pulsait dans l’air vicié de la carlingue , une odeur d’un peu de tout me provoquant un début de nausée que la conduite sportive sinon suicidaire du chauffeur ne calma franchement pas ...
(…)
La campagne , c’est le mal .
Avec les vendanges et le stop , donc .
