24 janvier 2007
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par Marie-Edwige pour Nicolas.
La réunion de crise s’ouvrit à 22h15 ce Samedi-là, et la situation était grave : Nicolas s’était fait pirater son blog et il fallait attendre une réponse du site hôte pour pouvoir y accéder de nouveau. L’atmosphère était donc morose autour de cette table de bar et, aussi bien une amie thésarde que moi-même, tentions de grappiller quelques potins et de former des jugements gratuits, tout en affichant l’air navré de circonstance dans le but officiel « de remonter le moral à un pote dans le caca ». Sic transit gloria mundi.
Mais bon, Nicolas devait le savoir. Il a voulu nous convoquer pour nous parler de ses problèmes, c’est donc sa faute si on va faire les commères. Si, si.
Ce qui nous titillait particulièrement, c’était le qui. Qui en effet, a pu pirater le blog ? Et pour quel mobile ? L’Amicale des fans de Mary Higgins Clark et de Diagnostic : Meurtre le savent bien : trouvez le mobile, vous trouverez le coupable. Alors, Nicolas ?
Gros plan sur Nicolas. La fumée qu’il exhale de ses narines masque partiellement son visage. Il arbore un sourire dandy, ce qui veut dire qu’il a bel et bien les boules. Travelling arrière jusqu’au niveau des épaules des filles en face de lui, qui donnent l’impression de l’encadrer. Impression de recul mais aussi de claustrophobie.
_ « Les filles, vous savez que ce sujet me déprime… Ce doit être quelqu’un du boulot. Ils en sont bien capables. »
_ « Tes collègues ? Enfin, Nico, d’après ma propre expérience, les nains de bureaux savent à peine trouver le bouton de veille… »
Regard Noir. Nicolas est le Grognon des nains de bureaux. Oui, celui avec la canne à pèche.
_« Mais non, pas toi ! Bon, je gaffe, je me tais maintenant ».
_ « C’est forcément une fille et c’est forcément une ex »
_ « C’est Fanny. Tu t’es acharné sur elle récemment. D’ailleurs, tu aurais dû y aller mollo. »
J’adore l’excuse de la solidarité féminine pour frapper un homme à terre.
_ « C’est clair. Tu crois que je réagirais comment si tu tapais en-dessous de la ceinture ? »
_ « Mais je me les tape toujours en-dessous de la ceinture ! »
_ « Oh, ha-ha. Je sais que tu changes les noms et tout, mais cette pauvre jeune fille, quand elle te lit, elle a l’impression que tout le monde la reconnaît. Et l’examine sous tous les angles. »
_ « Mais elle m’a fait du mal ! »
_ « Le départ à la retraite de Schumacher aussi. C’était trop tôt, Nico. »
_ « MAIIIIIIEEEEUH ! »
_ « Ce n’est pas une réponse, pas même une onomatopée pour une ligne de dialogue. »
Et là, pour le coup de grâce :
_ « Je te l’avais bien dit ».
L’homme, en plan serré, paraît maintenant plus vieux. Plus jamais, songe-t-il, je me retrouve coincé par deux filles. Ah, l’insouciance de ma paire de couilles !
_ « Bah, si tu déprimes encore, tu pourras écrire des chansons de blues et boire du Bourbon .»
_ « Et écouter du Tom Waits et te laisser pousser la barbe. »
_ « Déjà fait. »
_ « Ah, c’est vrai. Ou faire un procès. »
_ « C’est dingue, quatre ans de Droit et j’y avais pas pensé. »
_ « Bon, c’est promis, tu arrêtes les commentaires mesquins ? »
_ « nnnnnnoui. »
_ « Mets pas les coudes sur la table. »
Mais, heureusement, amis lecteurs avides de détails croustillants, Nicolas n’eut pas le temps de jurer sur la tête de sa môman car, telle la cavalerie qui, pour une fois, arrivait bel et bien à l’heure, ce qui soit dit en passant devrait inspirer ces glandus de Ryannair (mais je me comprends), les Mâles débarquèrent pour un Barathon aussi joyeux qu’une garnison romaine allant péter la gueule à des Barbares.
Les mêmes mâles, soit dit en passant, pincèrent les lèvres parce que, et je cite, « ya pas de place pour s’asseoir le samedi au centre ville. »
Veni Vidi Vomi.
Marie-Edwige.
