Jean Jaurès, c'est à dire l'appartement de mes parents, où j'ai connu un certain nombre de mes conquêtes, est presque vide. Tout ce qui en faisait l'âme s'est dispersé entre le nouvel appartement de mon padre, celui de ma « mam » et de ma soeur, et la déchetterie de l'ile du ramier.
Sans parler de quelques babioles qui n'ont fait qu'un passage furtif sur le trottoir avant d'atterrir pour quelques temps dans d'autres appartements du quartier Bayard.
Je frémis à l'idée des inepties dont ils seront témoins.
Une bande d'andouilles font actuellement rugir en bas de mon actuel appartement le moteur d'une voiture dont il semblerait évident au premier sous-doué venu que tel un vieillard retrouvé la bouche ouverte devant le best-of de la chance aux chansons, elle a rendu son dernier soupir.
Probablement amusé devant ce vain acharnement, c'est probablement la raison pour laquelle j'ai finalement reposé la boite d'œufs que je tenais en main.
(...)
7 ans et quelques mois plus tôt.
Ma chambre, vaste euphémisme pour ne pas dire « place de l'étoile de l'appart » (4 portes, faut avouer que question intimité ça en impose drôlement) donnait directement sur les Allées Jean Jaurès, ce qui me permettait lorsque je me fumais une énième cigarette au balcon d'avoir un panorama privilégié sur les quelques bouts de vie dont les passants me gratifiaient à leur insu.
C'était particulièrement médiocre, en fait.
Un soir aux alentours de 3h du matin, j'avais eut le vif déplaisir de voir débouler dans un crissement de roues une voiture tellement bariolée que Claire Chazal en passerait presque pour naturelle, et dans un braquage à faire frémir Rémy Julienne, la voiture allait se garer une quinzaine de mètres sous mon balcon.
En sortait alors une sorte de « Johnny fait moi tout » des temps modernes, qui non content d'avoir l'air passablement con, allait passer les 30 minutes qui allaient suivre à bichonner sa voiture, tout en faisant hurler la musique toutes portes et fenêtres ouvertes.
Une sorte de « Je vous encule, tas de bourgeois qui dormez » bien convenu.
Mais en plus explicite.
J'ai attendu. Attendu que ce demeuré insoutenable finisse de faire briller son taudis roulant. J'ai éteint toutes les lumières qui auraient pu dénoncer l'acte qui allait suivre. Qui devait suivre.
Et de toute façon, fallait bien qu'il paye, cette raclure.
Et puis j'avais pas sommeil, ça tombait bien.
J'ai toujours été une sombre loque dans tout ce qui a été les jeux d'adresse. En fait, j'ai même toujours été une loque, mais le débat n'est pas là donc je m'épargnerais pour ce soir.
Il n'empêche : s'il est bien une fois où j'ai incroyablement été adroit, cela restera cette fois, où à travers la fenêtre que j'avais à peine entrouverte, et à moitié recroquevillé, j'ai envoyé voler cet oeuf dans une courbe absolument parfaite finissant incroyablement idéalement sur le capot de la bagnole.
Ça a fait Splaf.
Et c'était drôlement chouette.
NB : C'était le post incohérent qui devait sortir un jour où l'autre ...