Il est un empire du mal absolu contre lequel tout le monde , un jour où l’autre , deversera des tombereaux d’injures bien senties , et qui pourtant , en attirant une nouvelle fois ses victimes en son antre , arrivera -dans un numéro d’hypnotisme a faire pâlir d’envie notre Sarko national lui même- à les rendre à nouveau complêtement fans .
J’ai bien evidemment nommé cette saloperie d’Ikéa .
Je pourrais avoir passé des heures à hurler sur Ikéa parce qu’il manquait la vis , celle qui devait permettre à l’étagère si belle dans les allées « démonstration » de tenir enfin droite , et non pas de ressembler à la tour de Pise mais en plus fade , bref , je peux avoir manifesté des vélléités de créer un mouvement terroriste visant à réduire en cendres Lerberg © , Ivar © , Änga © et autres nuisibles importés de Suède , je ne saurais pour autant que me laisser ensorceler plus benoîtement qu’un Ulysse par des bêtes sirènes sitôt que que j’aurais posé une tong dans les allées démonstration de ce commerce au moins aussi nuisible que celui du tabac .
Qui n’a jamais rêvé de débarquer avec un monte-charge dans le rayon démonstration pour emporter une pièce entière déjà montée ? A part moi ?
J’ai toujours cru que les groupies des Words Appart , les fans d’un insignifiant insipide dénommé Grégory Lemarchal , ou pire encore , les adorateurs de Pascal Sevran , étaient sans doute ce que l’on pouvait trouver de plus coriaces (et crétins) en matière d’adoration malsaine .
C’était avant que je lache une brune dans Ikéa , armée d’une carte flambant neuve de crédit frappée du sceau de la marque infâme .
Je vais essayer de retranscrire l’état de transe qui l’habitait et dont j’ai à l’occasion appris l’existence .
Avec effroi , je dois dire .
« Bon alors il nous faut des couverts , un tire bouchon , et … tiens , des verres ! Ah , et tes casseroles sont nazes , il en faut des nouvelles . Et puis , si tu veux que tes omelettes ne ressemblent plus au no man’s land version 1918 , il faut que l’on rachète des poêles . Tiens , des passoires ? Il t’en faut une . On rachète des oreillers ? Je t’ai dit que je détestais tes draps ? Zut , il faut aussi une étagère pour mettre une (infime , ndrl) partie de mes (innombrables , ndrl et sic) habits . Que dirais tu de changer de canapé ? »
Le coup de poêle Ikéa derrière les deux oreilles pour la calmer ayant probablement fleurté avec l’illégalité , je m’abstenais .
Mais Dieu sait ce qu’il serait advenu si j’avais déjà décidé d’arrêter de fumer avant ce jour là .
(…)
Je ne sais pas vous , mais je suis toujours impatient lorsque je décharge ma voiture de la demi-centaine de cartons de meubles ramenés de chez Ikéa . Aaaah , ce qu’il me tarde de voir les belles petites étagères que je me suis acheté , comme mon bureau rendra minable en comparaison celui de la Maison-Blanche lorsque j’en aurais fini !
Cette phase là ne dure jamais très longtemps .
Jamais plus que le moment de la découverte du mode d’emploi , quoiqu’il en soit .
C’est bien simple , le carton qui me semblait monstrueusement lourd dans l’escalier va systématiquement me donner l’impression d’être paradoxalement devenu trop petit pour contenir la si gigantesque étagère que j’avais convoité , et avant tout début de montage , je me passerais dans ma tête le film du moment où après avoir cherché cette salo**** de fou*** de con**** d’allée 7 pendant une bonne demi heure , j’avais passé pas moins de temps à pleurer comme une fontaine .
Le bref moment de jubilation de « ca y’est , je l’ai trouvée ! » , c’était infortunément transformé en un long moment de solitude lorsque je découvrais sur les 10 rayons d’à coté une myriade de déclinaisons incompréhensibles de cette saloperie boisée .
Après m’être rémémoré ce sympathique moment , le visage plus tiré que celui d’un ridicule poilu sous un arc de triomphe , je me lançais dans la phase dite de « construction » .
Dire que j’adorais jouer aux légos , petit .
Sérieusement , j’ai du envisager un moment à faire appel à une grue de chantier . Cette foutue étagère , qui semblait si paisible , amicale même (on me reproche souvent d’appeler amis des personnes qui me piétineraient sans vergogne si le Code Civil le permettait) , devient un monstre sanguinaire au moins aussi abominable que Pol-Pot sitôt que l’on tente de faire tenir à la verticale ses deux colones de support .
Faites l’expérience : les deux colonnes retomberont bruyamment par terre lorsque vous tenterez naïvement de poser la première planche .
Et si vous n’aviez pas le sentiment que la chute était si bruyante , c’est que le bruit de votre hurlement de douleur quand la planche vous sera retombée sur les pieds aura couvert celui de la chute des colonnes de support .
Et du miroir qui était sur la cheminée , accessoirement .